samedi 14 avril 2018

Claude Sterlin ROZEMA (Haïti).



mon poème 
ce sont des pierres 
sable d'une tour
venant parler le langage de l'amour 
cette vérité qui pourrit

ils parlent de l'amour 
dans l'intimité des chapelles 
quand s'efface la lumière

nous sommes tous épris de la couleur de l'amour 
cette main tendue à l'innocence

moi
je veux donner un sens au silence 
choisir la route 
où chacun de mes pas d'homme sera 
fête 
sacrifice
concession

alors j'ai bâti mon poème face aux nuages 
je l'ai dressé dans le voisinage des étoiles 
pour mieux découvrir le visage de l'amour
qui est essence de l'être 
pourtant je me suis découvert 
parlant des choses de l'amour 
à un monde qui craque 
faute de croyance et de conviction

mais si mon âme s'est confondue à la clameur du poème 
vague de mots sur l'immensité blanche d'une page
c'est que de l'autre côté de la montagne 
le tam-tam gronde
la liberté chante
elle chante inlassablement dans un cliquetis de chaînes brisées 
des cris avortés repliés au fond des gosiers brûlés de tafia 
traînent langoureux sur le cauchemar des nuits sans étoiles 
et le poème continue sa marche lente par les routes des mots 
vers l'insondable utopie des paroles sans sève
car des vérités à l'envers ont fait prisonnières
des consciences aguerries

et quelle vérité 
chanson qui meurt
feu sans bois 
veillée sans clairin 
interminable nuit sur l'insomnie des voyageurs

la lumière ne reviendra plus 
nos sorciers l'ont chassée
les chapelles se vident 
faute d'adorateurs

le silence s'est fait nuit 
pour perpétuer le cauchemar

des nuages blessés 
où transpirent des gouttelettes de soleil
galopant dans un ciel sans couleur

la mer cruelle 
continue de cracher sur le sable 
les épaves de nos rêves déçus

le monde concave 
cherche sa dimension vraie 
dans un tourbillon de démesure

et le poète crie 
Lumière Lumière Lumière


(... )













Claude Sterlin ROZEMA
In Les pieds nus dans les scories des choses









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