jeudi 15 février 2018

Le RÉVEIL NOCTURNE de Patricia LARANCO.



Réveil en plein cœur de la nuit. Devant moi, mur d’obscurité. Uniformité d’un seul bloc, aussi sombre que de la poix. Dense. Lisse. Comme avant que le monde naisse. Masses nocturnes aux grains serrés, qui jouent les unes sur les autres, un peu à la manière de lourds muscles.
Mouvement opaque et primordial, pâteux, qui tient lieu de formes.
La nuit m’enveloppe. Je m’y perds. Elle se meut, sans repères pour moi.
A part ma conscience et la perception visuelle, et auditive que j’en ai, je suis fondue en elle. Il n’existe rien d’autre que ces trois entités qui divergent, qui s’autonomisent, qui se jaugent : elle, mes deux sens et ma conscience, qui bientôt sécrète mes mots (ou, du moins, leur possibilité). Peut-être dans l’unique but de restaurer formes, directions ; sens ; dans ce qu’ils ont de plus basique.
Moi; la nuit. Fusion inquiétante. Indifférenciation qui pèse. Vide existentiel qui rassure.
Je ne sais plus que j’ai un corps.
Mon corps, c’est peut-être la nuit ; cet entassement de masses vagues, confuses.
La nuit a un côté charnel. Une épaisseur qui remplit tout. Le vide y est plein. Le plein y est vide. Etant donné que tout s’y confond. Que la différence y est bannie. Que la séparation y achoppe.
La nuit est peut-être mon corps.





Patricia Laranco.







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