lundi 26 juin 2017

Un texte de Gillian GENEVIÈVE (Moris).



Rien de plus banal que les nuages qui nous cachent la cruauté du ciel et la force du soleil.

Rien de plus banal que le chemin crevassé qui dans le froid césure le passage de nos pas chaque matin.

Rien de plus banal que le flux et reflux des voitures emmenant des passagers hagards au cœur de leur quotidien.

Rien de plus banal qu'un petit garçon qui s'émerveille devant des escargots endormis et la beauté des fleurs sauvages.

Rien de plus banal que ses courses à contre-champ des lignes de fuite de l'horizon, et l'inquiétude de sa mère, et le sourire de son père.

Rien de plus banal qu'un au revoir qui se glisse dans les arcanes du temps pour se confondre avec la plume du poète.

Rien de plus banal que la lumière et ses offrandes.

Rien de plus banal que le poème et ces mots arrachés à la vérité de l'instant.

Mais il faut la banalité d'un cœur qui tressaille pour que le jour soit; il faut la banalité d'un regard autre pour écrire les prémisses du possible.

Alors, ne ferme pas les yeux, passant; ne ferme pas les yeux: j'ai besoin de m'y perdre pour que ne cesse la possibilité du songe, pour que dans ses méandres je retrouve l'ivraie de l'écrit, pour que dans mes strophes je puisse élaguer le mal et la beauté, pour que dans le poème, un court instant, je retrouve le désir et le souffle.

Rien de plus banal que le poète qui ne retrouve plus ses rimes; rien de plus banal que le triomphe de l'insensé.

Alors, ne ferme pas les yeux, passant; j'ai encore quelques vers à écrire.

























Gillian GENEVIÈVE.


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