dimanche 4 décembre 2016

Une jeune plume haïtienne à découvrir : la poésie en prose de Peter CÉNAS.



Je marche seul. Seul dans une grande vallée de larmes, sous un ciel assombri par la mousse des nuages fébriles ; un ciel aux astres fendus, accouchant, par césarienne, des scintillations fauves. Des ombres spectrales se dessinent autour de moi. Je m’en fous. Toutes les rues braillent à pleine tête. Les asphaltes sont surpris de se voir gavés de jambes hachées et de bras mutilés ; surpris de se voir mares de sang lancinant. Mares où le désespoir s’épanouit, telle une fleur, couverte d’épines. Ô Sombre atmosphère de pleurs ! Buveuse de sang. Atmosphère fétide, boudée de doutes, ras la gueule. Redonnez-moi ma joie d’être, ou gardez-la. Advienne que pourra, je serai éternellement un rêve avorté, un navire fracassé ; car la vie ne m’aime pas. Je ne l’aime pas non plus. Mais il me plaît de lui emboîter le pas, parce qu’elle va là où il est d’usage d’adorer le sourire des femmes comme on adore le Bon-Dieu.



Peter CÉNAS


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