jeudi 8 décembre 2016

Gillian GENEVIÈVE (Île Maurice).

Je me suis éloigné du jardin et du soleil pour te dire adieu à l'ombre de l'hiver et du désarroi. Mes mots auront la couleur de la brume et j'aurais le visage défait de la tristesse et des regrets.

Aux passants qui verront mes larmes, je leur dirai que le jour n'est pas toujours propice à l'amour, que la lumière érode les certitudes et que le silence, toujours, reprend le guet pour parachever le récit.

Te souviens-tu?

Je t'ai reçue au milieu de l'automne alors que je veillais seul en marge du pays des songes et de la solitude. Tes yeux m'ont ouvert les veines du cœur et j'ai retrouvé la foi pour traverser l'étang des feuilles mortes.

On a cédé à la tentation des corps et la pesanteur de l'hiver fut ainsi plus légère. Vêtus du manteau de l'évidence et du désir, nous nous sommes aimés dans l'innocence et l'interdit. Sous mes doigts, ton sexe humide me murmurait les conditions de l'éternité. Et l'aube ne revenait plus jamais; nous nous aimions et la nuit suffit au rêve et à l'absolu.

Mais le temps a le vertige du renouveau et nous sommes déjà au printemps et, dans la lumière qui ruisselle, tu vois des ombres qui chevauchent d'autres ombres, tu vois, là-bas, d'autres corps et, portés par le vent, d'autres rêves, d'autres désirs.

J'ai saisi, un instant, dans ton regard, l'écho froissé du regret. Puis, tu as souri. Et j'ai compris que c'était fini.

Et maintenant, loin du jardin et du soleil, dans la pénombre retrouvée du chagrin et de la solitude, le temps est venu de se dire adieu. Tu es là où se défait le cœur, sillonné par la mort et les désirs à venir; j'appartiens désormais à l'horizon des souvenirs.

Nous nous sommes aimés le temps de la brume et du silence de la nuit mais le destin ne sait pas toujours se faire brasier et le feu inouï s'est éteint un matin, en absence de l'hiver.






Gillian GENEVIÈVE.


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