vendredi 18 novembre 2016

De quoi donner à réfléchir...

Si les lois de la physique sont les mêmes dans tout l’univers et si les mathématiques ont, en partie, le pouvoir de nous faire comprendre sa structure, cela pourrait bien, en effet (entre autres phénomènes) aller dans le sens de l’hypothèse que celui-ci serait une sorte de « simulation informatique  géante et extrêmement complexe, ainsi que certains scientifiques l’ont émis.
La présence de lois, d’information (stockée à la surface des trous noirs ou à l’intérieur de la molécule d’ADN) est tout de même très troublante.





Les Hommes ont la terreur de la mort parce que leur moi leur joue des tours.
Quand ils/elles sont jeunes, certes, on peut attribuer cette crainte suprême à un instinct de conservation qui serait, pour la plus grande part, programmé par la nature (la nécessité, la « mission » de séduire un(e) partenaire, de se reproduire et d’élever sa progéniture, ce qui demande, chez l’espèce humaine, de longues années).
Mais passée cette période de leur vie ?
Il y a gros à parier, je pense, que ce ne sont –et ce ne sont que-la conscience individuée, l’ego à l’état pur et l’attachement aux sensations agréables que procure la vie, de même que l’impossibilité de s’imaginer disparu (de conceptualiser la mort et l’état de non-existence) qui contribuent au gigantesque cabrement de l’être humain devant l’échéance inéluctable.





La philosophie devrait, sans cesse, tourner autour de l’incertitude et se limiter à cela.





Le doute est plus important que la certitude, et la question, plus importante que la « réponse » (si tant est que celle-ci existe).





Peut-être la « raison d’être » de l’Homme, du cerveau humain n’est-elle pas de trouver des réponses, mais d’en chercher, jusqu’à ce que son temps, en tant qu’espèce, se termine.





Ne trouvons-nous pas la vie « belle » parce que nous n’avons pas d’autre choix ?
Parce qu’en somme, nous sommes bien obligés de la supporter ?





Le philosophe Ludwig WITTGENSTEIN réfléchissait tant à la logique qu’il en frôlait la folie (de son propre aveu).





Il faut partir du principe que tu ne sais pas. Que tu as les mains pleines de questions, mais entièrement vides de réponses. Que la complexité du monde t’interdit toute affirmation péremptoire, de même que toute prétention à la connaissance complète. Que le peu que tu peux « savoir » a trait à de simples fragments, de simples parties d’un tout qui, lui-même, ne sera jamais égal à la somme de tous ses composants.





Un(e) philosophe, cela ne devrait pas proposer de théorie.
Cela réfléchit. Donc, cela évolue de façon permanente.
C’est une pensée mouvante, dynamique qui, sans relâche, doit se remettre en cause. Le dogme n’a pas de place en elle.





Prodiguer des conseils aux gens, cela doit se faire avec beaucoup de tact. Y compris quand ceux-ci le demandent. C’est un exercice de haute voltige. Car la tentation mimétique si typique de l’être humain nous encombre toujours plus ou moins de la tendance à nous mettre à la place de la personne que nous entreprenons de conseiller (« Si j’étais toi, je ferais ci… ») et à nous « approprier » une expérience qui n’est en aucun cas la nôtre. Il est difficile de penser, de ressentir et de réagir « à la place de » quelqu'un sans, quelque part, tenter de se substituer à lui et d’imposer votre propre point de vue. L’autre a alors l’impression qu’on le dépouille de sa propre volonté, qu’on « prend les choses en main » à sa place et cela l’infériorise. Le rejet des conseils et la réaction vexée du conseilleur qui s’ensuit souvent ont toujours plus ou moins ce genre de phénomène pour origine.
A la limite, je dirais que personne n’est en mesure de conseiller qui que ce soit, du moins autrement que d’une manière très partielle.





Si l’on a peur de mourir, c’est qu’on est trop attaché à sa conscience d’être.





Regarder n’est pas voir.





Chaque théorie philosophique est le reflet des « obsessions » -ou, du moins, des préoccupations – personnelles du philosophe qui l’a élaborée. Les philosophes CHOISISSENT les notions, les concepts sur lesquels ils réfléchissent (à leur manière) et en font le point de départ, le nœud central d’une théorie.
Pour FREUD, ce furent le sexe et l’inconscient, pour NIETZSCHE, l’antichristianisme et le vouloir-vivre « naturel », brut, pour MARX, l’exploitation de l’Homme par l’Homme, pour JÉSUS, l’agapè, pour les penseurs des Lumières, la Raison, pour BOUDDHA, la compassion, pour l’hindouisme, l’illusion du monde et l’unité dans la diversité, pour DESCARTES, la pensée, pour SARTRE, l’absurdité de la vie, pour BEAUVOIR, la condition féminine, pour GANDHI, la non-violence, pour CONFUCIUS, l’harmonie, l’ordre (notamment social)- et j’en passe…





Ludwig WITTGENSTEIN était un « obsessionnel » de la philosophie.
On pourrait se demander pourquoi.
Philosopher était peut-être pour lui l’unique façon de s’accrocher à l’existence ; le seul « fil » (ténu) qui le reliait peu ou prou à la vie, à un monde où il ne se trouvait pas vraiment de place solide, légitime. Sa nature (fort particulière) de génie maniaco-dépressif et un peu autiste n’explique pas tout.
Je le soupçonne fort d’avoir été un enfant non-désiré.

(Réflexion inspirée par l’excellent ouvrage de Ray MONK : WITTGENSTEIN, 1993, Flammarion – Collection « Grandes biographies »)





Dans plus de cas qu’on ne le croit, les femmes ne ménagent pas les hommes parce que ceux-ci les impressionnent par on ne sait quelle « essence supérieure » dont ils seraient dotés.
Elles les ménagent parce qu’elles craignent leur extrême violence toujours dormante et parce qu’ils possèdent LE POUVOIR et contrôlent la culture. En somme, bien plus par résignation et par intérêt que par admiration et/ou amour.
Elles détestent prendre des risques.





Nous ne faisons jamais qu’interpréter les réactions et comportements de nos semblables.





Tout ce que nous pouvons écrire a un parfum d’inachevé, une dimension d’incomplétude – parfois juste très subtile en ce qui concerne les plus éclatantes réussites.





Chaque âge de notre vie est l’ébauche, l’esquisse de l’étape qui le suivra. Tous, à chaque « palier » de notre existence, sommes à l’état de chrysalide avide d’une plus grande complétude.
Quant à savoir si nous en sommes conscients, c’est une toute autre affaire.





On dit souvent : «cela (ou il/elle) a au moins le mérite d’exister» ; mais se demande-t-on jamais si exister serait un mérite – et en vertu de quoi ?





La misère, la pauvreté sont les pires avilisseurs de l’être humain. Elles fabriquent des êtres fascinés par l’argent et par le pourvoir, qui ne respectent que ceux-ci. Elles les rendent prêts à la prostitution, tant celle du corps que celle de l’âme. Elles les transforment en vers de terre, en mendiants au ras du sol. Ou, pire encore, en âpres calculateurs dénués de sentiments, en menteurs, en escrocs, si ce n’est en psychopathes. Elles émoussent les sentiments et tout ce qu’il y a de noble en l’Homme. Elles endurcissent le cœur sous l’effet de la colère et de l’envie. Elles atrophient le sens moral, et la dignité personnelle. Parce que « nécessité fait loi ».
Le pire, peut-être, dans le manque de ressources matérielles, c’est qu’il déshumanise.





Il arrive que l’absurdité qui imprègne le monde me saute à ce point aux yeux qu’elle soulève en moi non des soubresauts de nausée, mais des vagues incontrôlables de fou rire.






Malheur aux pays qui s’imaginent être le centre du monde ! Ils risquent de tomber de haut.
La Chine (aux XIXe et XXe siècles) en a fait l’amère expérience. La France aussi (depuis le cataclysme de la Seconde guerre mondiale).
Trop d’orgueil nuit à l’influence des civilisations.






WITTGENSTEIN ne faisait guère confiance aux mathématiques. Il y voyait une convention, à peu près analogue au langage. Il leur déniait le caractère « universel » que les scientifiques leur attribuent.






L’Homme est tribal. Et rares sont ceux qui, spontanément, considèrent l’humanité dans son entier comme leur tribu.
Sept milliards (et quelques) d’êtres humains, c’est beaucoup…sans compter les barrières que constituent les langues, les mœurs et le bon vieil esprit territorial.
Comme l’ont décelé les tests des psychologues, le cerveau humain a des limites : il ne peut pas nouer des liens avec plus de 100 à 150 autres  personnes (au grand maximum).
L’intimité, donc la confiance, ne s’établit qu’avec des proches qui, au fond, ne font que « prolonger » le cercle familial, référence suprême. Le reste de l’humanité se trouve, dans le meilleur des cas, ignoré et, dans le pire, il prête le flanc à une méfiance « instinctive », laquelle est source potentielle d’affrontements.
C’est pourquoi, ne m’en veuillez pas, mais j’ai tendance à être sceptique quant aux capacités de notre espèce à se convertir à « l’amour universel » et à s’y adonner. Pour cela, il faudrait d’abord parvenir à s’extraire de la mesquinerie que représentent l’égotisme et son corollaire immédiat, son prolongement : le tribalisme. La propension de l’Homme à créer des clans, des « sectes » (qui ne sont rien d'autre que des familles élargies) s’avère innée.
Dans cette optique, je pense que le métissage universel ne résoudra en rien le problème que posent les tendances foncièrement tribalistes du primate humain. J’ai bien peur, hélas, que l’Homme, tant qu’il demeurera ce qu’il est, suscitera la formation de clans, de camps qui s’opposeront à d’autres, sous n’importe quel prétexte.







P. Laranco.

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