jeudi 28 juillet 2016

Un très beau texte d'Umar TIMOL (Île Maurice).

Ceux qui parviennent à parfaire la lumière, ceux qui savent le sens de leur cheminement, ceux qui tendent leurs mains non vers l’autre mais le soi en l’autre, ceux qui dessinent l’aube dans les enclaves de toute fatalité, ceux qui ne croient en rien, ceux dont le nihilisme est une foi brûlante, ceux qui ne croient en rien et qui croient en tout, ceux qui possèdent le monde en son absence, ceux qui s’exilent des frasques de la matière, ceux qui se dépouillent de ces masques qui n’en sont pas, ceux qui sont pèlerins sur le sentier de leur anéantissement, ceux dont le visage est un testament avant d’être un parchemin, ceux qui meurent avant de mourir, ceux revêtus du suaire de nuits incendiées, ceux dont les blessures sont des sanctuaires, ceux qui s’acharnent à n’être rien, ceux qui sont des vagabonds, ceux qui contemplent le plus éphémère, ceux qui sont les architectes de la beauté, ceux qui enlacent le tronc de l’arbre pour écouter le murmure de sa sève, ceux qui savent que le deuil ne mérite aucun culte, ceux qui martèlent le présent dans le sillon de toute chair, ceux revêtus de laine, ceux dont l’usage de la parole est de consumer toute parole, ceux qui sont des enfants plus vieux que le temps, ceux qui font de leur corps une aumône, ceux dont le regard est le lieu de l’envol, ceux dont le regard est sans ombres, ceux qui ne chantent et ne dansent jamais car ils sont l’osmose de toute musique, ceux dont les larmes épuisent la tristesse de tout être, ceux qui ne guérissent que les cœurs abîmés, ceux qui n’ont besoin de rien, ceux que ce monde n’ose effleurer de peur de ne plus être, ceux qui savent sculpter des mots, non pour exorciser leur vanité, mais pour en faire ce vide empli d’absolu, ceux qui savent l’euphorie du dénuement, ceux dont le corps est au confluent de tous les mélanges, ceux qui ne savent de la haine que les vestiges de ses ombres, ceux qui aiment, sans conditions, sans préalables, mais dont l’amour n’est pas celui d’un être mais de l’être, ceux qui sont ainsi ne sont pas des saints mais ces humains qui empêchent l'homme de se défaire.







Umar TIMOL.

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