dimanche 10 avril 2016

QUANTUM JAH, un poème de Arnaud DELCORTE.


l’amour commence par un mot
par un verbe
toute la chair de l’herbe
et les trouées de ciel 
nous rappellent
wisdom
lost in filaments of electrons
shiny legs riding the highways
shiny legs your legs crossing my painted lips
in the circular springs the baskets of light in the shades of the mind
we fall
from the other side
livid and ghostlike creatures
on ne saurait dire de l’autre que sa surface cristalline
et marmonner aux avancées du silence



Jah 
higher
a circle of fire
what the fuck do I know?



akwa nsambu ana bena ye ntantu :
e kuma kadi besinga fiaulwiswa.



Jah 
Jah
lorsque tu croises les sentiers de diamants et de poudre
placardes ton sexe sur les firmaments verts
dans un porno cosmique
robe de soirée et traine de satin glissée dans la boue 
pour oublier l’alcool sous les tropiques thérapie 
amnésique dans les chavirements magnétiques
coma
your blood boiling in the Hollywood spotlights
heat
failure
coma
Jah
in the flash of a stroboscope life
running in the sands hand in hand with your assassin
hey you’d never know right from wrong
says the assassin
they’ll always find something wrong
says the assassin
la mort est un jeu d’enfant
qu’on omet d’emporter avec l’âge
toutes choses inégales
mieux vaut l’amour
every smile every kiss every love comes with a price tag
toutes les aventures les volte-face
les renoncements
les injustices
dans l’haleine nue d’un baiser



akwa nsambu ana befwilang’e ndungindi
et nzala y’evwina
e kuma kadi besinga yukuta.



Jah perdu solitaire
loser
on the highway borders
Jah
searching for the Golden Gate
la différence entre le créateur et sa créature 
tient à une lettre déplacée



la mer s’en est allée
enfantant des contrées neuves
« c’est Arourou qui créa Gilgamesh
semblable à un taureau sauvage »
sur la plaine des algues desséchées 
des arches de bois flotté
no sound of man
no whisper
the life of man is light and 
the soul heavy
Brussels
new lights in the morning mist
bombings in the city
the flood has come
fucked up stuff yelled in your face
by incontinent bastards
Sodom and Gomorrah
Charybdis and Scylla
what good is it to cry?
un déluge pour simples d’esprit
orchestre à bon marché
d’une mort piétinée
la vie cherche son chemin parmi les débris
Jah lost
on the sidewalk 
the subway 
wailing walls
tears of flesh
what good is it to mourn the dead?
« alors comme une fiancée 
il couvre le visage de son ami 
il arrache ses cheveux et les jette à terre »
tell me Gilgamesh?
what good is it to mourn the dead?



akwa nsambu ana bena ye nkenda :
e kuma kadi besinga fuw’e nkenda.



et ce cœur qui éclate c’est le tien
des étirements de soleil sur ta pommette
et l’ombre circulaire des grandes éoliennes
tu ne te souviens pas de l’instant
and rests in the evening light
a song or a word or a mouth
a well of clouds
ta pommette éclipse d’un astre fleuve
rien ne permet de différencier ton profil du vide intime
pieds nus croisés dans les mocassins
tu attends ton heure
solitaire et gratuit dans l’urgence
a few seconds suffice
to split the light cremation in your palm
misery and sons of Cham
whispering in unison
i love you
i love you too
a song of neverending happiness
it’s just a song now is it ?



la beauté sans âme
sans espoir de retour
une théorie de mouches
envahit mon corps
Jah perdu et retrouvé
cigarette rougie
sur l’onde humide de tes lèvres
sons of Canaan and sons of Cham
cursed for the cause and effect
un vieil homme ivre s’oublie nu
aux regards de son fils
et voilà un peuple à jamais maudit
doom and gloom
the power of nudity
in a world of appearances
TV screens shouting into the brains
of innocent hypnotized kids
televized revolutions
sons of Cham
yes M’am
forget it
forget all they told you
yes forget it all now
you are mine
and will do as I say
YOU GO YOUR WAY NOW !
seul et incompris
sur les routes du mépris
c’est la libération 
horizon égaré
plus que le désert et l’air
un souffle de poussière maquille la vie



akwa nsambu alembami :
e kuma kadi besinga vw’efwawa dia nza.



Jah omis
lentement oublié
silence absolu de la terre un midi
tout esprit inféodé à la marée
everlasting tides
clouds lurking beyond the watershed
your soul concealed
in the midst of the day
we drink to childhood
and like Russians
throw our glasses behind
distrust our friends
and fall asleep with the hope of dreaming
once and for all 
silence absolu de la terre
sentir confusément
que rien ne sera plus comme avant
que tout est recommencement
tirer enseignement de toute liberté
de tout engagement
accepter l’une comme l’autre
au miroir mouvant des pensées-nuages



in the dream you wake up and shout out loud
que reste-t-il de nos amours ?
la cambrure d’un dos miel à la naissance des fesses
teenage girls with shiny G-strings
a handful of pointy little tits brushing against the cotton
tu te retournes vers moi la salive aux dents
gêné comme par une mouche
que reste-t-il de nos amours ?
putain
plus rien peut-être
et dans le lointain
une petite joie
l’indifférence des éléments
nous sommes redevenus simples d’esprits



akwa nsambu asukami muna mwanda :
e kuma kadi kiau e kimfumu ki’ezulu.



Jah
rastafari
father and son of Cham
slaughtered in Israel
reborn in the Ethiopian dream
of a black Moses
Marcus Garvey
père et fils
aux semelles de vent



quel crime ont-ils commis
ces braves hommes de Sodome
pour mériter le feu ?
quel crime a-t-il commis ce pauvre Cham
dénudant son père du regard ?
autre temps
autres mœurs
tu embrasses mon corps
comme si notre amour était éternel
death and rebirth
mystère pascal
death defines life
one way time
that’s irreversible thermodynamics
tell me 
what good is it to live forever?
is our love eternal?
ou tel un phénix
renaîtra-t-il sans cesse
dans un corps neuf ?
is every moment 
a bubble of eternity in itself ?
a multidimensional universe ?
illusion dans l’œil de l’observateur



Jah walks on a sandy beach of Eastern Africa
amidst the tourists and the pirates
l’esprit vide et le corps vivant
homme parmi les hommes
incognito
il apparaît et disparaît
par un jeu d’éblouissements



Jah
aux agapes du vertige
Jah
soufflé par un vent de fin du monde
Jah
son of man you carry the word
in front of us the source
the beginning of all life
sprouting from thick grass
a living being
unquestionable and blind
Jah
à jamais restitué
enfant de l’hiver 
impermanent
Jah never starts and never ends
from the solitary womb
he rises and tells the lies
orphelin de père et de mère
il lève les bras en signe
de puissance et d’impuissance



akwa nsambu ana bavelela muna ntima :
e kuma kadi besinga Nzambi.



dans la poussière et dans la cendre
à l’invite des grands soulèvements tectoniques
dans l’explosion et la ruine des magnolias
dans leur senteur intime
Jah
dans les yeux des enfants libres sur les épaules des pères
sur la tête des enfants morts le cœur béant des mères
dans les mains vides des indigents porteurs du monde
ce monde qui panse ses glaciers ses océans
Jah
torrents of tears and rainbow laughters
in the midst of a September afternoon
when you gaze at him with a different eye
the magnified look of a frantic deer
Jah
in the fury of the buffalo herds their feet pounding the dirt the rocks
the buzz of a dragonfly
in the quiet of a forest pond
when you stand absolutely still eyes closed and life ahead
Jah
in the silent sign on your forehead
your forbearing thoughts
through the reflecting glasses of the mind
windows opening
Jah
sous les voiles de la nuit la parole renaissante de ta peau 
malgré le vrillement assourdissant de la ville l’éruption anthropophage
dans ta poitrine et dans mon ventre
nos lèvres mélangées à l’aube translucide 
Jah
dans l‘épuisement lent le souffle hésitant des vieillards
dans l’exaltation du fermier et celle du guerrier
dans les jupes des putains qui se décoiffent
et l’agilité de leur jeu de jambes
Jah
in the spiralling navel of the newborn the slave chains falling
in the hands of the homeless the run of the migrants
cavale des migrants aux frontières mouvantes des terres du cœur 
sous les pieds des fidèles et des infidèles également
Jah
on the walls of Israel Berlin Hungary and New Mexico
in the mechanical eye of the computers the security cameras the battle drones
in the bitter victories and the half defeats
in Gaza Paris Raqqa Bamako Fukushima New York and Lahore



Jah existe



et n’existe pas







Arnaud DELCORTE
Pâques 2016
















Traductions des citations de la bible :

Akwa nsambu ana bena ye ntantu :
e kuma kadi besinga fiaulwiswa.
Heureux ceux qui sont dans l’affliction :
car ils seront consolés.

Akwa nsambu ana befwilang’e ndungindi
et nzala y’evwina
e kuma kadi besinga yukuta.
Heureux ceux qui ont faim 
et soif de justice :
car ils seront rassasiés.

Akwa nsambu ana bena ye nkenda :
e kuma kadi besinga fuw’e nkenda.
Heureux les miséricordieux :
car ils obtiendront miséricorde

Akwa nsambu alembami :
e kuma kadi besinga vw’efwawa dia nza.
Heureux les débonnaires : 
car ils hériteront de la terre.

Akwa nsambu asukami muna mwanda :
e kuma kadi kiau e kimfumu ki’ezulu.
Heureux les pauvres en esprit :
car le royaume des cieux est à eux.

Akwa nsambu ana bavelela muna ntima :
e kuma kadi besinga Nzambi.
Heureux ceux qui ont le cœur pur :
car ils verront Dieu.


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