jeudi 6 août 2015

Quelques réflexions en vrac.

Si la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre, la ligne sinueuse, ondulatoire en est le plus sûr.



Les Hommes se battent souvent fort inutilement autour d’idées, de points de vue qui, en fait, ne font que dissimuler des affaires d’ego. Cela les fait, souvent, passer à côté d’une des caractéristiques fondamentales du monde : la nuance, l’ambiguïté.



Méfiez-vous du bonheur…Il ne rend pas toujours heureux.



Dans l'idéal, l'être humain devrait parvenir à réaliser l’équilibre entre l'humilité que lui impose son statut cosmique (celui d'un à peine micron, noyé dans l'espace infini) et le sentiment de "fierté" - somme toute légitime - qu'il est en droit de tirer de sa faculté de comprendre ce qui l'entoure, grâce aux chiffres, aux idées et aux prouesses techniques. Mais il semble que ça n'aille pas de soi...



Aucune culture humaine n'échappe à la violence, ni à la sottise.



Quelquefois, rien qu’en existant, qu’en étant simplement là, tel qu’on est, on a le sentiment de gêner, de faire de l’ombre, du tort à certains autres. Ce n’est guère très réjouissant. Dans certains cas, ça donne envie de courir se terrer le plus loin possible. De se faire oublier. Pour être tranquille. Pour préserver à tout prix ce bien au combien précieux qu’est la paix intérieure.
Alors, on laisse tomber sa « petite place au soleil », on la cède, on l’abandonne à leur gourmandise, à leur lancinant problème d’ego. On préfère l’ombre. Si l’économie d’énergie et la sérénité sont à ce prix…



Ce qui nous constitue ? Le changement, dans l'unité.



Qu’est-ce qui nous fait le plus de mal ?
Le deuil des êtres chers perdus ou bien le deuil de soi-même qui nous traverse par anticipation lorsque nous les perdons ?...



L’origine de tout poème ?
Un état d’émerveillement, qui tient un peu du coup de foudre ; de l’illumination soudaine ; de la transe, qui vous soustrait au monde.



Nous passons notre vie à perdre…perdre des lieux, des époques, des gens ; des relations, des objets que le temps, d’un coup de patte, nous confisque. Rien ne peut combler ce vide laissé, cette hémorragie permanente (qu’elle soit lente ou rapide, qu’importe !). Elle se cristallise dans le passé…dans le souvenir qui console si mal.
Regarder dans le passé, c’est contempler ce qu’on a perdu. C’est regarder tout ce qui s’en est allé, sans qu’on soit à même de le retenir. C’est mesurer, aussi, les amputations qui vont avec. Nous avons tous lâché des lambeaux, des quartiers de notre vie, de notre chair dans ces pertes.
Le temps et le deuil nous ont dévorés à petit feu, sans trêve. De concert avec les mues.



Coincés entre le temps jadis qui nous a été dérobé
figé dedans le souvenir, sans le moindre espoir de retour
et l’à-venir dont nous attend
l’informe nébulosité
qui nous inquiète quelque peu,
nous existons
vaille que vaille.



Souvent, à y bien regarder, on retirerait presque le sentiment que les Hommes se font du mal entre eux, en quelque sorte, pour « passer le temps » - ou, tout simplement, pour montrer, pour démontrer (au monde et à eux-mêmes) qu’ils existent, que leur présence est incontournable, irremplaçable.
N’est-ce pas terrifiant – et tragique ?



Lorsqu’il ne se passe rien, l’être humain s’ennuie ; il est rare qu’il sache profiter de la plénitude lisse du vrai calme, qui, dans bien des cas, l’emprisonne dans une anxiété nébuleuse.
Mais, à rebours, lorsqu’il se passe trop de choses trop vite, trop brutalement, ses angoisses immédiates, et beaucoup plus précises, renaissent. Il semble « ballotté » entre deux types d’inquiétude de nature très différente, mais dotées néanmoins d’un incontestable point commun : justement, l’inquiétude.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un être difficile à contenter.



Apparemment, d’après ce que j’ai pu en juger, les « machines pensantes », représentantes de l’intelligence artificielle, commettent des erreurs à cause de leur trop de logique, de leurs automatismes trop rigides, de leur absence de sensibilité, d’ »intuition », cependant que l’Homme, pour sa part, s’embrouille très souvent pour des raisons totalement inverses, à savoir sa sensibilité et sa sensualité trop développées, trop à vif d’être vivant, de mammifère supérieur complexe.



Tout peuple s’imagine spécial, « à part ». Les peuples  sont à l’image des individus.



La médecine a accompli des choses immenses pour le genre humain, et elle continue de le faire. Mais, pour autant, le médecin (ou le membre d’une profession auxiliaire de la médecine) doit-il se transformer en homme (ou femme) de pouvoir, qui dicterait tout ? Et la société se doit-elle d’être surmédicalisée ?



On tend, de plus en plus, dans le cadre de la « modernité », à confondre inadapté social avec malade mental.
C’est là, sans doute, un aboutissement du (long) processus de « normalisation », de contrôle social et de nivellement des comportements humains mis en place, en Europe de l’Ouest, depuis le XVe siècle avec les débuts de la fameuse « Grande Chasse aux sorcières » initiée, d’un commun accord, par les églises chrétiennes et la médecine naissante (cf. l’ouvrage fort intéressant et instructif de Ludovic VIALLET : « SORCIÈRE ! La Grande Chasse », éditions Armand Collin, 2013) et relayé, continué ensuite par tous les processus que le philosophe français Michel FOUCAULT a si bien décrits.



Quoi qu’en pensent et quoi que soutiennent bon nombre de Français actuels, leur pays a été profondément marqué, profondément modelé par un idéal RELIGIEUX, qui est l’idéal catholique. De même que les USA l’ont été par un autre idéal religieux, l’idéal protestant – à ceci près qu’au moins, ces derniers (pour le meilleur et pour le pire) l’assument pleinement.
Sans le catholicisme romain, le fameux « Français moyen » et son goût de la mesure petite-bourgeoise doublé d’un conservatisme parfois affligeant (que certains dénomment « frilosité »), la stigmatisation (larvée ou ouverte) de l’ambition et de la « réussite », la non moins fameuse « passion de l’égalité » issue tout droit de la devise nationale ( et comprise de manière assez utopique) n’existeraient sans doute pas.
A rebours, sans l’idée protestante « évangéliste » du culte de l’ambition et du « win », du dynamisme à tout crin qui se doit bien sûr de l’accompagner, nous n’aurions pas de « mentalité américaine » devenue « mondiale », ou, à tout le moins, fortement « mondialisante ».
Il n’y a donc absolument rien de surprenant à ce que la « France profonde » se méfie autant de ce qu’elle nomme l’ « influence américaine », ou encore l’« influence anglo-saxonne ».
Quel écart profond entre deux pays, entre deux cultures se réclamant pourtant du même point de départ : le christianisme/humanisme !



Contrairement à ce que semblent croire couramment les Occidentaux, le comportement d’un être humain n’a pas que des causes individuelles.



Paradoxe : nous vivons perpétuellement dans le présent mais le temps passe.
Le temps, l’évolution des choses nous donnent, par l’entremise de la mémoire et de l’anticipation, la sensation qu’il y a un passé et un avenir.



Les sociétés humaines sont tout de même de sacrés paniers de crabes.
On y passe souvent sa vie à essayer d’éviter les « frottements ».
Et ce genre d’exercice, à la longue, on peut bien dire que ça fatigue.



La paresse d’esprit et le complexe de supériorité (dû à une position de dominance) comptent, à ce qu’il me semble, parmi les principaux freins qui empêchent d’essayer de (ou d’arriver à) comprendre la culture de l’Autre.



Pour aimer l’Homme, c’est sûr, il faut aimer la complication. Il faut avoir énormément de patience, d’énergie, de force nerveuse…ou, tout simplement, d’habitude (qui est une seconde nature) et de terreur de se retrouver seul(e).
Ce n’est pas donné à tout le monde.



Comprendre le passé est extrêmement important si l’on veut savoir pourquoi, et comment le présent, le moment dans lequel nous sommes immergés, est tel qu’il est. En particulier, reconstituer la nature et l’évolution des (longues) périodes qui ne connaissaient pas l’écriture.



Les petits groupes humains sont (relativement) faciles à gérer. Mais plus la population des communautés humaines augmente, plus, forcément, elle nécessite une gestion sophistiquée et stricte, quand ce n’est pas autoritaire, de même qu’elle donne lieu à une spécialisation de plus en plus cloisonnée des tâches. C’est là l’origine de la chefferie, puis de la royauté, de l’état, et du « système de castes » : des hommes et des minorités finissent par s’imposer parce qu’ils possèdent plus d’utilité, et/ou plus de savoir, plus de pouvoir, plus de prestige et plus de talents de « meneurs d’Hommes » ; ça ne date pas d’hier. La menace de chaos, de naufrage dans la violence (agressions externes ou guerres intestines) est en effet beaucoup plus forte.
La « chefferie » et la stratification sociale apparaissent donc comme des maux nécessaires, passé un certain seuil de population et de sophistication socio-économique. Elles illustrent, en somme, le fameux phénomène du « passage du simple au complexe ». L’ennui est que les chefs et les minorités qui nous gouvernent, et sont censés nous protéger tout en redistribuant notre richesse globale, collective, en profitent, bien trop souvent, pour abuser de façon cynique et égotiste de leur position de pouvoir. Ils s’attachent aux avantages matériels que celle-ci leur confère. Et, au plan moral, ils se grisent, comme on se laisserait griser par quelque alcool très fort. Mais cela n’est-il pas dans la nature humaine ?



Les timides, on a l’habitude de leur marcher dessus ; c’est commode. Cela permet à tous les autres gens de défouler leurs nerfs, ou de s’amuser en évitant au maximum la prise de risques. Ils sont tellement gauches, malhabiles, dénués de « charisme » et craintifs – du pain bénit ! C’est si facile de s’en moquer, de rire à gorge déployée à leurs dépens.
Ils font des « têtes de Turc » idéales ou alors, on ne voit pas qu’ils existent. Ils sont transparents comme l’air, diaphanes comme des bulles de rosée.
Soit « tête de Turc », soit fantôme.
Mais il advient, quelquefois, qu’ils en aient assez de se faire marcher dessus ; qu’ils aspirent à ce qu’enfin l’on s’aperçoive de leur existence. Certains, même, finissent par avoir envie de crier, de « péter les plombs ». Ils trouvent alors – on ne sait où – une singulière assurance. Ils puisent en eux des ressources qu’on était fort loin de leur imaginer.
Comme le disait déjà le fameux proverbe, « il faut se méfier de l’eau qui dort ».
J’ajouterai : elle peut se muer en tsunami, en cataracte.



Les sociétés qui vivent dans une trop grande passion de l’égalité n’aboutissent, en général, qu’à induire une atmosphère assez malsaine d’envie généralisée et de suspicion systématique envers toute personne qui se distingue tant soit peu de la médiocrité « moyenne ».
Elles ont un idéal trop mesuré, un idéal de « nivellement », trop peu propice au dynamisme, et l’ambition y est suspecte, de même que la créativité.
Tout le monde doit être « pareil »…ce qui est, en soi, une vue de l’esprit, voire une utopie aberrante. Le résultat en est une forme d’hypocrisie assez particulière.




P. Laranco.





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