vendredi 10 octobre 2014

Le 08 août 2014, à 08h 55, sur la chaîne ARTE : "X-NIUS – AU CŒUR DE LA VOIE LACTÉE".

La VOIE LACTÉE  est une vaste cité cosmique, qui, parmi les quelques deux cent à quatre cent milliards d’étoiles  qu’elle compte, abrite notre SYSTÈME SOLAIRE. Ce qui veut dire qu’elle abrite la Vie, et nous abrite.
Les astronomes ont réussi à situer la place de notre minuscule planète dans cet immense ensemble de corps célestes, dont ils connaissent de mieux en mieux la cartographie : la TERRE, nous apprennent-ils, est située dans un quartier éloigné, à l’écart de l’agitation qui a cours dans le centre galactique.
Le but de ce documentaire est de nous convier à un voyage cosmique au cœur de cette véritable merveille qu’est NOTRE GALAXIE.
Lorsque, la nuit (à condition, toutefois, qu’il n’y ait pas de nuages), nous levons nos yeux vers l’immensité du ciel, la Voie lactée nous offre la vision spectaculaire d’une gigantesque traînée, d’aspect laiteux et à la brillance sourde, qui le barre ; malheureusement, pour qui vit dans une ville, les « mille feux » scintillants de l’ensemble urbain nous masquent ceux de l’énorme cité céleste dont nous faisons partie, et c’est plutôt dommage. Une cité humaine nous empêche de voir une cité cosmique, en somme…
Par bonheur, les télescopes et les satellites sont là, et les astronomes les mettent largement à contribution ; c’est une époque formidable pour l’étude de la Voie lactée, nous confient-ils. Remplis d’enthousiasme, ils se sont attelés à la tâche de répondre à un certain nombre de questions, qui les taraudent : comment la Voie lactée est-elle née ?, comment a-t-elle pu survivre aussi longtemps ?, à quoi ressemblera sa fin ? (car elle en aura nécessairement une).
Grand spécialistes de l’étude des galaxies, Robert KIRSHNER et James BULLOCK se sont appuyés sur les données fournies par le célèbre TÉLESCOPE SPATIAL HUBBLE (lequel permet d’observer, et de prendre en photo, des milliards de galaxies plus ou moins lointaines) pour établir une typologie de ces amas de corps célestes.
Selon eux, les choses, en ce domaine, sont relativement simples, puisqu’il n’existe que deux types de galaxie : les GALAXIES ELLIPTIQUES, qui, toujours rondes, font penser, quand on les regarde, à de grands ballons composés d’étoiles, et les GALAXIES SPIRALES, nettement plus spectaculaires, qui, elles, ressemblent à d’énormes frisbees et possèdent une structure composée de bras spiraux disposés autour d’un centre.
En ce qui concerne notre propre galaxie, toutefois, les choses se compliquent quelque peu : dans son ensemble, la Voie lactée nous est en effet, et ne peut que nous être, et nous rester inobservable. Même avec un télescope ou un satellite, nous ne pouvons pas voir l’ensemble de la Voie lactée ; il faudrait pouvoir en sortir, précise, fort logiquement, non sans le déplorer en même temps Robert Kirshner.
Vu de la Terre, le disque galactique ne peut être contemplé que de profil. Cependant, les savants « compensent » à l’aide de deux méthodes, qui ont fait leurs preuves : d’une part, ils photographient, sous toutes les coutures, du sol, le disque de la Voie lactée, et en tirent des clichés d’une résolution de cent millions de pixels qu’ils assemblent ensuite pour obtenir une vue très impressionnante ; d’autre part, ils se tournent vers l’étude d’autres galaxies, telle, par exemple, celle qu’ils ont appelée MESSIER 74, à trente millions d’années/lumière de nous et qui, assurent-ils, offre une bonne représentation de notre propre galaxie.
Résultat des courses ? Nous pensons que la Voie lactée est une galaxie spirale.
Être une galaxie spirale, nous l’avons vu, cela signifie avoir des « bras » qui se déploient à partir d’un centre. Cette partie centrale, dont on nous donne, au passage, l’occasion d’observer l’extrême brillance sur une photo d’une précision impressionnante représentant la galaxie Messier 74, est appelée, en fait, par les savants, LE BULBE GALACTIQUE.
Un plan géant de notre cité stellaire a pu être établi par les spécialistes. Grâce à lui, nous constatons qu’elle comporte un noyau galactique, bulbe central très lumineux, flanqué de deux bras spiraux (le BRAS DU CENTAURE et le BRAS DE PERSÉE), qui comptent chacun des milliards d’étoiles, ainsi que de trois bras moins importants.
Grâce à des mesures, on sait que d’un bout de la galaxie à l’autre, on peut compter une distance de 965 000 billions de kilomètres.
Notre Système solaire, pour sa part, a la chance de se nicher entre deux bras spiraux, dans un quartier tranquille.
Et cependant, à deux pas de chez nous se situe une des régions les plus spectaculaires de la Voie lactée, la GRANDE NÉBULEUSE D’ORION.
Cette région, où il nous faudrait un voyage 1 500 ans pour nous rendre, présente le spectacle d’un tableau cosmique fortement illuminé.
C’est là, nous dit-on, que réside le secret de la formation des étoiles.
A l’œil nu, l’on y distingue, d’emblée, de grandes tâches sombres, qui contrastent fortement avec des zones voisines très claires. Ces tâches sombres manifestent la présence de nuages de poussières, qui passent, telles des ombres, et masquent la lumière des étoiles.
Des régions similaires, toutes désignées par le vocable de NÉBULEUSES, existent dans la plupart des galaxies spirales, sur toute la surface du disque galactique. Outre la nébuleuse d’Orion, on connait la NÉBULEUSE DE L’AIGLE, située  à quatre années/lumière, ou encore la NÉBULEUSE DE LA CARÈNE.
Les photos de nébuleuses révèlent volontiers des couleurs vives : le vert y trahit la présence de l’oxygène, le rouge celle de l’hydrogène. Ce sont de telles indications qui nous renseignent sur la densité, la température et la composition du nuage.
Les gaz de ces nuages luisent à des milliers de degrés.
L’astronome Kimberly WEAVER voit les nébuleuses comme des zones très mystérieuses de la galaxie.
Mystérieuses au point que, quand elle les observe, elle a recours à un télescope infrarouge, lequel, seul, lui permet de regarder au-delà du gaz qui masque les étoiles, et, donc, de voir les étoiles cachées.
Elle précise : grâce aux rayons X, on retire complètement la poussière de l’image, et l’on peut ainsi se livrer à une étude en détail des étoiles…et c’est alors qu’on trouve les étoiles les plus JEUNES connues !
Eh oui, vous l’aurez compris : c’est dans les nébuleuses – ces pouponnières d’étoiles -  que les astres naissent. Jeunes et « pleines d’entrain », de feu, les étoiles ont tout ce qu’il faut pour faire monter la température des nuages environnants ; elles ne se privent donc pas de le faire…
Au fond, une galaxie, c’est d’abord et basiquement, un immense nuage de poussière et de gaz, où, continuellement, s’allument des étoiles. Cette poussière et ce gaz constituent donc, en un certain sens, ce que l’on pourrait appeler son atmosphère.
Le processus qui mène à la naissance d’une étoile est maintenant assez connu : en tout premier lieu, on est en présence d’un simple nuage de poussière ; ensuite, le nuage de poussière tend à se conglomérer en un disque ; sous l’effet de la force de gravitation, la compression agit, en sorte qu’une fois que la température de dix-huit millions de degrés se trouve atteinte, les atomes d’hydrogène fusionnent pour former de l’hélium ; les gaz sont alors repoussés, puis balayés par le vent stellaire, et l’étoile, toute triomphante, finit enfin par apparaître hors de son cocon de gaz et de poussières. Et le tour est joué !
Mais s’il est, dans la Voie lactée, de telles nébuleuses dédiées à l’émergence des étoiles toutes neuves, il en est d’autres où les étoiles, au contraire, sont en train de mourir. Elles constituent les zones les plus violentes et les plus dangereuses de la galaxie.
On peut en trouver un exemple flagrant à 6 500 années/lumière de nous, en la « personne » de la NÉBULEUSE dite DU CRABE, sur le bras de Persée.
Assez audacieusement, le toujours souriant astronome américain Alex PHILIPPENKO n’hésite pas à la définir comme une sorte de zone industrielle galactique. Pourquoi ? Parce que ses gaz se dilatent à plus de cinq millions de kilomètres/heure en s’éloignant de son centre vers l’extérieur. Il y a mille ans, les astronomes de la Chine ancienne l’observaient déjà et consignaient, dans leurs annales, l’apparition subite d’une nouvelle étoile, si brillante qu’elle scintillait même pendant le jour ; cet étrange astre a disparu aussi mystérieusement qu’il avait fait irruption dans le ciel. Et pour cause…On l’identifie maintenant comme UN RÉMANENT DE SUPERNOVA, c'est-à-dire un tombeau d’étoile.
Les SUPERNOVAE, comme on l’a vu, sont des phénomènes cosmiques qui se signalent uniquement par leur lumière, et au centre desquels on trouve, à tous les coups, une ETOILE MASSIVE. Il en explose, en moyenne, une tous les 70 ans dans chaque galaxie. En étudiant des galaxies plus lointaines par milliers, de façon systématique, on a pu évaluer que pour 70 galaxies, on pouvait compter sur la présence d’une supernova par an.
La brillance extrême et explosive d’une supernova ne se manifeste que le temps d’une période très courte, puisqu’elle ne dépasse jamais la durée d’environ un mois.
Même distante de cinquante cinq millions d’années/lumière, une supernova peut parfaitement générer, à nos yeux, une lumière équivalente à celle de un milliard de soleils – c’est dire !
Les fenêtres temporelles qu’offrent les toutes petites périodes de brillance des supernovae constituent une véritable mine de renseignements pour les astronomes. En effet, en récoltant à plein la lumière intense qu’elles émettent grâce à des télescopes, on a la possibilité de déterminer toutes les caractéristiques de l’étoile à l’agonie : composition, pression interne, température, etc. On est, d’ailleurs, à cette seule fin, actuellement en train de construire tout un RÉSEAU DE TÉLESCOPES, qu’on a pour intention, dans un proche futur, de disposer tout autour de notre planète pour refléter cette précieuse lumière, et observer d’encore plus près ces véritables « cas cosmiques » que sont les supernovae.
Ces fins de vie stellaire pour le moins grandioses et véhémentes ne concernent qu’une catégorie d’étoile bien précise – nous y avons déjà fait allusion - : les étoiles massives. De telles étoiles produisent, en abondance, des éléments lourds, tels que le SILICIUM, le SULFURE, le FER. Toutefois, dès lors qu’elles commencent à générer du fer, c’est comme si le glas sonnait pour elles, de façon décisive : l’étoile, condamnée,  en est réduite à lutter contre son propre effondrement. Situation éminemment dramatique et cataclysmique, puisque sous l’effet de la fusion des noyaux atomiques de fer, les couches externes de l’astre s’effondrent vers l’intérieur, puis rebondissent, avant d’être pulvérisées en mille morceaux, et projetées : l’étoile, alors, « meurt », dans un extraordinaire feu d’artifice.
Les explosions [de supernovae] éjectent du fer dans le cosmos. Elles participent donc (de façon cruciale) – un peu comme le feraient des fonderies cosmiques – au processus de RECYCLAGE des éléments à l’intérieur d’une galaxie.
Elles sont  précieuses  en ce sens qu’elles forgent des éléments lourds.
Imaginez, suggère Philippenko, qu’il n’y ait pas de supernovae dans notre cosmos…nous n’aurions tout simplement pas de fer sur Terre et, en conséquence, nous n’existerions pas ! En effet, ces éléments lourds sont des constituants essentiels de notre propre organisme. L’étude des supernovae nous donne donc, en un certain sens, une occasion précieuse de mesurer combien tout est lié, combien nous sommes tous liés au cosmos.
Cependant, la plupart des étoiles échappent au sort excessif, cataclysmique qui est celui des étoiles massives. Dans des étoiles moyennes telles que, par exemple, notre SOLEIL, se joue bien plutôt une bataille entre énergie nucléaire et champ gravitationnel qui s’avère nettement plus « douce », plus modérée, plus progressive. Dans trois ou quatre milliards d’années, le soleil sera devenu ce qu’on appelle une GÉANTE ROUGE, et émettra un ROT COSMIQUE qui répandra en douceur des couches d’éléments cosmiques tout autour de lui. En ce moment même, nous en avons un exemple avec une étoile en train de mourir non loin de nous, la NÉBULEUSE DE L’HÉLICE.
Le CENTRE DE LA VOIE LACTÉE est, quant à lui, un endroit mystérieux. Cœur de l’amas d’étoiles, il pourrait se voir comparé à un centre-ville. C’est un quartier dynamique, plein de vie et dangereux.
Andrea GUEZ, qui l’a beaucoup observé, en dresse le portrait : plus on approche du centre de notre galaxie, plus le nombre d’étoiles augmente ; en fait, il est un milliard de fois plus élevé qu’il ne l’est dans la zone de notre soleil.
Notre centre galactique est perpétuellement baigné de lumière. Très proches les unes des autres (comme dans un embouteillage), les étoiles s’y déplacent à une vitesse incroyable ; situé à 26 000 années/lumière de chez nous, le centre de notre Voie lactée n’est autre qu’un manège fou qui tourne à une vitesse de 16 milliards de kilomètres/heure, ce qui veut dire cinquante fois plus vite que notre bon vieux soleil.
On se doute bien que son observation est passablement difficile. En sus de l’obstacle considérable que constitue l’atmosphère terrestre, il faut aussi compter avec les denses amas de poussière et de gaz. Mais Andrea a contourné, fort ingénieusement, le problème en se tournant vers une technique qu’elle appelle L’OPTIQUE ADAPTATIVE. Depuis quinze ans, avec constance, elle photographie en infrarouge des étoiles situées dans la région du bulbe.
Le procédé permet de voir, enfin, les étoiles bouger ; chacune d’entre elles tournoie autour du centre galactique clairement, sous nos yeux. Andrea, à titre d’exemple, nous désigne l’étoile S2, remarquable tant par son orbite très rapide que par son étrange mouvement de montagne russe.
Mais, serait-on en droit de s’interroger, pourquoi une vitesse si folle ?
Andrea a la réponse, et nous la livre ; elle est toute logique : seul, un objet incroyablement massif a le pouvoir de provoquer cela… et cet objet incroyablement massif ne peut être…qu’un TROU NOIR !
Ce trou noir aurait, selon les estimations des astronomes, quatre millions de fois la masse du soleil.
Bien évidemment, étant donnée sa nature même, on ne le voit pas ; toutefois, on distingue, autour de son emplacement probable, une sorte de spirale et un immense jet de gaz et de poussières. Fort probablement, le trou noir  agit comme le font, en règle générale, ses congénères : il grandit avec le temps, en se nourrissant des gaz et des morceaux d’étoile qu’il capture. Il a, cependant, on l’a remarqué, une caractéristique assez notable : il ne produit pas beaucoup d’énergie.
En cela, il contraste avec certains autres centres galactiques, lesquels émettent des particules subatomiques à la vitesse de la lumière.
Il existe, à plus de 5 000 années/lumière de nous, dans la galaxie spirale MESSIER 87, un magnifique trou noir super massif qui produit de semblables jets spectaculaires de particules ; l’effet en est proprement grandiose.
« Notre » trou noir  central semble avoir le même âge que notre galaxie. Voilà qui soulève une question essentielle : quel est, au fait, cet âge ?
Et comment le déterminer ?
Une fois qu’ils ont pu disposer d’une vue d’ensemble de la Voie lactée et de ses immédiats environs, les astronomes ont remarqué que notre mégapole stellaire était flanquée de villes satellites qui orbitaient toutes autour d’elle. Un petit peu comme de proches « banlieues ».
Ces AMAS GLOBULAIRES, qui regroupent chacun environ un milliard d’étoiles, seraient, aux dernières nouvelles, au nombre de plus de 150. Ils renferment des étoiles très proches les unes des autres et très lumineuses, ce qui n’est pas sans leur conférer un aspect de « feu d’artifice ». Les corps célestes qu’ils abritent se signalent également par une autre caractéristique, particulièrement intéressante : leur ancienneté.
Les amas globulaires – nous dit-on – ne semblent pas contenir d’étoiles jeunes.
Déterminer l’âge d’une étoile est relativement facile pour les spécialistes : on se fie à des indices tels que leur couleur, ou leur taille ; ainsi, par exemple, les étoiles les plus massives affichent-elles une belle teinte bleue, cependant que la couleur rouge, chez une étoile, indique toujours une moindre dépense d’énergie et, par conséquent, une longévité bien plus importante. Les savants qualifient alors un tel astre d’astre très économe.
L’âge de la plupart des amas globulaires a causé une certaine surprise : il s’avère que certaines de leurs étoiles brillent depuis pas moins de 12 milliards d’années !
Ces authentiques fossiles vivants que sont ces regroupements d’étoiles nous disent que notre galaxie  est là depuis au moins 12 milliards d’années. Cela signifie qu’elle est presque aussi vieille que l’Univers lui-même.
Les astres qui forment les amas globulaires témoignent, par leurs caractéristiques, de ce que devait être la Voie lactée dans ses tout premiers temps : peu colorée, dotée d’étoiles encore très pauvres en éléments lourds.
Il n’y a pas à s’en étonner : il a fallu, insiste bien un savant, des milliards d’années aux étoiles pour former les éléments lourds, qui eux-mêmes formeront la Vie.
Les amas globulaires ne sont pas les seuls types de regroupements d’étoiles à être présents à la périphérie de notre Voie lactée. Il en est d’une autre sorte, qui constituent, pour la galaxie principale, une autre source de combustible que celui de ses propres étoiles. Je veux parler ici des GALAXIES NAINES à forte brillance.
Ces amas, qui ne comptent guère plus que seulement quelques centaines de milliers d’étoiles, tournent très rapidement autour de la Voie lactée et se font fréquemment manger par celle-ci. C’est de la sorte  qu’ils lui fournissent du gaz et de la poussière. Leur taille réduite les rend, pour les astronomes, particulièrement durs à détecter.
La Voie lactée, on le voit, ne se réduit pas à sa superbe structure en spirale ; non seulement elle forme, avec ses diverses « dépendances », un système passablement complexe, mais elle révèle un comportement assez « effrayant » ; elle cannibalise sans pitié ses galaxies naines satellites.
Les galaxies, dans le fond, obéissent exactement aux mêmes lois que les étoiles, les planètes et les satellites : tout ce qui a une masse a forcément une force gravitationnelle. La GRAVITE est une force qui gouverne l’ensemble de l’Univers, en est l’étai.
La Voie lactée, on s’en doute bien, possède une force d’attraction gravitationnelle gigantesque. Ses étoiles y gravitent autour de son centre galactique à première vue de la même façon que les planètes de notre Système solaire gravitent autour de leur étoile-mère. A ceci près que l’équilibre délicat qui règne dans le Système solaire exige que les planètes les plus distantes de l’astre central doivent tourner plus lentement.
Or, contre toute attente, CE N’EST PAS LE CAS à l’échelle de notre galaxie. Pas plus, du reste, que ce n’est le cas dans les autres ensembles galactiques.
Quand les savants ont constaté qu’à l’intérieur des galaxies, les étoiles externes ne gravitaient pas plus lentement que les étoiles internes, ils se sont mis à soupçonner l’action gravitationnelle d’une masse parfaitement invisible, qu’ils ont baptisée la MATIÈRE NOIRE.
Selon le cosmologiste Joël PRIMACK, la matière noire constitue un gigantesque halo invisible qui nous entoure tous, vous, moi, ainsi que toutes les étoiles. Ce halo est dix fois plus gros et plus massif que l’ensemble des étoiles que compte notre galaxie.
Et figurez-vous que, sans lui, la Voie lactée ne pourrait pas exister.
En effet, la matière noire est la colle qui assure la cohésion de la galaxie. Elle constitue un véritable ciment gravitationnel. Sans elle, il est de fait que les étoiles voleraient toutes en éclats, causant ce que Primack qualifie sans hésiter de vraie pagaille cosmique.
Mais il y a mieux encore : la matière noire, si profondément mystérieuse et active, est quelque chose d’énorme.
Le même Primack nous rappelle, à ce propos, que ce que nous pouvons voir dans l’Univers constitue seulement 0,5 % de ce qui s’y trouve vraiment, le reste étant, justement, de la matière noire, signalée par sa seule masse.
N’est-ce pas propre à nous couper le souffle ?
Primack poursuit : la matière noire unit les galaxies, toutes les galaxies, en une STRUCTURE extraordinaire.
Cette structure compliquée, qui offre l’aspect d’un gigantesque réseau, a été révélée aux astronomes par ces véritables machines à remonter le temps que sont les télescopes.
On possède, maintenant, une image de notre Univers qui remonte à seulement 380 000 ans après le BIG BANG. A cette époque-là, l’Univers en avait fini avec son ÂGE DES TÉNÈBRES ; la lumière avait jailli et les nuages d’hydrogène extrêmement denses qui le remplissaient avaient cessé de faire écran à l’observation astronomique.
La toute première image de notre univers reflète donc le rayonnement du Big bang. Les astronomes la dénomment aussi CARTE DU FOND COSMIQUE.
Ils nous y font remarquer la présence de régions de couleur rouge. Lesdites zones correspondent à des sortes de granules ou encore de minuscules ondulations qui seront, par la suite, avec le temps, appelées à grandir pour former…le réseau des galaxies !
Les grains ont grandi grâce à la matière noire, commente Joël Primack.
C’est alors que l’on nous dévoile une étonnante SIMULATION informatique, que les spécialistes ont trouvé le moyen de réaliser grâce à l’énorme superordinateur PLÉIADES, riche de 512 processeurs : la simulation BOLCHOÏ.
Consacrée à la visualisation de la structure de la matière noire, Bolchoï offre le spectacle de filaments qui forment de longues chaînes. Ces filaments représentent, en fait, les halos de matière noire à l’intérieur desquels se forment les galaxies.
Le postulat qui a présidé à l’élaboration de la simulation Bolchoï est celui qu’avaient, au préalable, émis des théoriciens tel Joël Primack : c’est la matière noire qui a créé le grand réseau cosmique.
Eh bien, il se trouve que la simulation et le schéma des galaxies élaboré d’après les données directes de l’observation astronomique se recoupent pile-poil.
C’est bien la matière noire qui sculpte l’Univers depuis des milliards d’années ! peut confirmer Primack.
Et d’ajouter aussitôt : c’est une grande joie pour un théoricien !
En revanche, nous ignorons toujours désespérément comment sont apparues les toutes premières étoiles.
Revenons 12 milliards et demi d’années en arrière, dans la Voie lactée primitive ; les premières étoiles s’embrasent, dans une puissante énergie ultra-violette. Elles sont énormes : cent fois plus massives et un million de fois plus brillantes que les étoiles actuelles. Objets terrifiants, elles brûlent leur hydrogène avec une rapidité phénoménale, et expirent dans de gigantesques supernovae ; ce qui fait dire plaisamment à l’astronome modélisateur Tom ABEL qu’elles brûlaient la chandelle par les deux bouts et menaient une vie de rock-stars. Elles eurent le mérite de causer une transformation miraculeuse : les radiations ultraviolettes qu’elles émettaient en pagaille dispersèrent le brouillard d’hydrogène qui encoconnait les galaxies, ce qui marqua la fin de l’Âge des Ténèbres.
C’est depuis ce temps-là que les galaxies – parmi lesquelles notre Voie lactée – sont devenues visibles.
Les désormais célèbres photos qu’a livrées le télescope Hubble sont riches en galaxies de toutes sortes. Elles permettent d’observer l’évolution galactique à chacun de ses stades. Richard ELLIS, qui s’est voué à leur étude, prend à son tour la parole : on peut se faire, maintenant, une idée précise de ce que fut notre Voie lactée à ses commencements ; on observe, en effet, sur les clichés de Hubble, que les jeunes galaxies sont très petites, grumeleuses, irrégulières et en interaction étroite ; cela s’explique : l’Univers ancien était plus petit, on y manquait de place ; les premières galaxies ont vraiment été contraintes de lutter pour leur survie ; les plus structurées d’entre elles ont fini par grandir tout simplement en avalant leurs voisines, au cours de collisions galactiques nombreuses et mémorables.
Nous venons de voir ce qu’a été le lointain passé des galaxies ; mais les splendides photos d’Hubble nous parlent aussi de leur futur…à tout le moins, de notre futur.
Certains de ces clichés nous révèlent des galaxies qui semblent bizarrement altérées, déformées. On a développé des simulations informatiques à partir de leurs formes pour le moins étranges. Et elles ont permis de les expliquer par des collisions de deux galaxies en train de se produire. Par ailleurs, on s’est aperçu que les galaxies avaient une tendance certaine à se regrouper. Un bel, un incontournable exemple en est donné par notre GROUPE LOCAL, lequel, outre notre chère Voie lactée et  sa proche voisine ANDROMÈDE, à 20 millions et demi d’années/lumière, comprend au moins une cinquantaine de galaxies. Or, Abraham LOEB a noté que la distance entre toutes ces galaxies tendait sérieusement à se réduire. Notre galaxie, notamment, se précipite à toute allure vers Andromède et les calculs effectués à ce propos par les savants indiquent qu’elles se rencontreront dans trois milliards d’années- ce qui nous donne la perspective d’une belle catastrophe cosmique.
Un trillion d’étoiles qui se rencontrent et fusionnent, cela vous dit quelque chose ?
Encore ne sera-ce pas tout, puisque les gaz des deux systèmes se mélangeront eux aussi, ce qui causera la formation d’un grand nombre de nouvelles étoiles.
Dans un premier temps, la Voie lactée, sous l’effet d’un tel coup de fouet, rajeunira.
Mais, par la suite, on verra la naissance d’une nouvelle galaxie, dans laquelle, bien sûr, elle se fondra, perdant son identité propre.
Cette galaxie inédite prendra, d’après les spécialistes, l’aspect d’une galaxie elliptique géante dans laquelle les étoiles iront dans tous les sens.
En attendant ce moment grandiose mais, tout de même, passablement lointain, nous pouvons toujours continuer à nous poser certaines questions – parmi lesquelles la moindre n’est certes pas la présence, au sein de notre galaxie telle qu’elle est en ce moment-même, d’autres formes de Vie que celle qu’abrite notre chère petite planète bleue.
Quel meilleur interlocuteur, en un tel domaine, que Jeff MARCY, le découvreur des toutes premières EXOPLANÈTES ?
Notre Voie lactée compte tout de même, nous fait-il remarquer, 200 milliards d’étoiles.
Toutefois, se hâte-t-il de tempérer, c’est l’EAU A L’ETAT LIQUIDE qui est la clé de l’émergence du vivant : elle sert de solvant, de mélangeur pour la biochimie de la Vie.
La Terre a la chance d’être située juste là où il faut, à savoir dans la ZONE HABITABLE (en termes de Vie) du Système solaire.
Chaque étoile de la Voie lactée, suppute Marcy, doit avoir une zone habitable ni trop chaude, ni trop glaciale, à distance convenable d’elle ; le tout est de savoir si cette zone en question comporte ou non des planètes. Jeff a mis en évidence la première exoplanète jamais détectée. Il nous explique que ces planètes se détectent de façon indirecte, en observant des étoiles éloignées.
A ce jour, plus de 400 exoplanètes ont été dénichées. Ce ne sont, hélas, que ce que les astronomes appellent des JUPITERS CHAUDS. Nombre d’entre elles ont de surcroît la particularité (plutôt malvenue) de graviter autour de leur étoile tutélaire sur des orbites très elliptiques.
Cependant l’on compte fermement sur un nouveau satellite, le satellite KEPLER, pour détecter une exoplanète qui soit du même type que celui de notre Terre. Programmé pour surveiller l’éclat de 100 000 étoiles avec une très grande précision, l’engin spatial aura la faculté de distinguer les planètes gazeuses  des planètes rocheuses.
D’ores et déjà, selon l’estimation des astronomes, la moitié des 200 milliards d’étoiles que compte la Voie lactée seraient accompagnées de planètes, ce qui est, tout de même, considérable.
UN TRILLION DE PLANÈTES ! n’hésite pas à s’émerveiller Seth SHOSTAK.
Existe-t-il, à ce compte-là, une ZONE GALACTIQUE HABITABLE ?
Shostak énumère les différentes zones répertoriées de la galaxie : le centre est à éliminer, en raison de la présence de son trou noir supermassif, et de trop d’étoiles qui bousculent sans cesse les comètes.
Les bras spiraux ? Ce sont, déjà, des régions beaucoup plus tranquilles et, de ce fait, infiniment plus favorables ; seul bémol, toutefois, et de taille : la proximité d’une supernova serait redoutablement dangereuse.
Et que dire de la grande banlieue ?
Elle recèle, constate Shostak, dans sa composition, peu d’éléments lourds, donc peu de ces éléments qui sont essentiels à la Vie.
Ainsi, la conclusion s’impose, et elle fuse, en dernier ressort : notre propre localisation galactique n’a rien d’un accident. Elle est stable ; elle n’a pas changé pendant des milliards d’années. C’est une région protégée des dangers de la galaxie.
Tout est donc, comme dirait le Pangloss de Voltaire, pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !




P. Laranco.

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