mercredi 27 août 2014

Umar TIMOL (Île Maurice).

Je suis à la recherche d’une nouvelle langue dont l’alchimie reste encore à imaginer, une langue désormais soumise à toutes les métamorphoses, une langue qui se transmue en lumière selon les errements d’une parole délictueuse, la vôtre, une langue souple, fluide, qui se prête aux caprices d’un vent avorté et de sa progéniture, une langue si belle que toutes les autres langues seront de l’enfance, une langue qui parvient à émouvoir vos larmes, une langue qui est poésie et sans laquelle la poésie n’est plus, une langue qui s’évertue à transcrire votre corps, une langue pour vous célébrer, une langue qui ne cesse de vous défaire et de vous réincarner, une langue qui achève l’osmose de la pierre, une langue qui sert de breuvage aux sources qui énoncent la nuit et son contraire, vos yeux, une langue qui est l’architecte d’autres langues, toutes composées de silence et de son verbe, vos lèvres, une langue, si emplie de votre souffle, que la mer fendra le bleu de ses entrailles afin de la vénérer, une langue si fantasque qu’elle panse les blessures de l’argile, une langue qui vous enracine dans ces lianes qui se lovent autour des étoiles, une langue qui est le derniers recours de l’illusoire mais qu’importe car l’illusoire est désormais ma foi, je veux imaginer cette langue, il me faut étendre mon sang dans les extrémités de la fange, celle de ce désir, afin de l’en extraire, cette langue, il me la faut, langue plus parfaite que les éclipses qui parcourent votre peau, langue-lave, langue-torrent, langue-beauté qui fige dans les cadastres de ces linceuls qu’il nous reste encore à songer votre nom, langue qui n’est autre que le talisman qui enjoint à mon sang ses vagabondages, je me dois de forger cette beauté, plus incessante que ces marées éblouies, je me dois de parvenir à cette langue, dont l’alchimie reste à imaginer, langue dont la matière est votre âme, âme que je me dois d’immortaliser par l’entremise d’une langue, langue à imaginer, langue-beauté, pâle miroir de votre beauté.




Umar TIMOL

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire