mardi 24 juin 2014

Réactions, réflexions...

Le Temps n’est qu’une série de soubresauts, de convulsions au cours desquelles les secondes-mères, inlassablement, expulsent les secondes-filles de leurs entrailles avant de mourir d’épuisement, tuées par leur effort de parturientes – ou bien, peut-être, d’animal invertébré soumis à la mue.
Chaque instant n’est que l’éphémère matrice de l’instant qui va suivre. Tout comme les êtres vivants, les instants passent leur temps à se reproduire – à jeter dans le vide le crachat de l’immédiat après qui les continue. Ils sont, en quelque sorte, des « cellules vivantes » qui se dupliquent. Chaque grain de temps est lourd non seulement de lui-même, mais du grain de temps qui s’apprête à lui succéder.





Le sexisme masculin – désigné aussi sous le vocable, plus classique, de « misogynie » - ne se nourrit pas seulement de « malaise face à la différence ». Il témoigne aussi – et infiniment – de l’immense difficulté qu’ont les hommes à faire le lien entre les choses de la sexualité et les « choses de l’esprit ».
La gêne que leur cause à presque tout coup toute présence féminine – et d’où procède, pour une bonne part, ce fameux désir/besoin de « rester entre hommes » - se rapporte non tellement à « la Femme » en elle-même qu’à la pulsion sexuelle que celle-ci éveille (réveille) en eux. Au-delà de la femme, ce qu’ils voient, c’est la Chair ; l’anti-esprit par excellence.
C’est ce qu’ils craignent, désirent et rejettent, exilent de la culture ; avec passion. Et pour cette raison ils aiment à croire que la culture est « une affaire d’hommes ». Ils « règnent » dessus, faisant volontiers abstraction de leur propre dimension sexuée. Les femmes doivent porter tout le poids du « péché originel ». Une façon, parmi d’autres, de repousser, de nier sa condition d’animal. Alors que leur autorité même – au combien pesante, écrasante, quand ce n’est pas même destructrice – est celle du mâle dominant, bourré de testostérone, donc…sexuée en diable !
On a même été jusqu’à prétendre que l’humanité de sexe masculin aurait créé la culture dans le but d’impressionner et de séduire la gent femelle. Que l’augmentation en taille et en complexité qui a touché le cerveau humain n’aurait été qu’un simple outil de sélection sexuelle, de séduction mâle, au même titre que les couleurs « flashy » du plumage et le chant de certains oiseaux mâles qui, comme chacun le sait, adorent se « donner en spectacle », ou encore les bois des cerfs.
La femme (Femme ?) exerce sur l’homme un réel pouvoir fascinateur. Elle l’ « hypnotise » et, avouons-le, ce pouvoir lui brouille souvent les idées.
C’est parce qu’il y a sexe, qu’il y a sexualité que la gent masculine, dans sa très grande majorité, craint les femmes et leur attribue soit des « pouvoirs sacrés », soit d’autres pouvoirs, quasi diaboliques.





L’Homme est, par essence, un animal qui se vit dans et par le dédoublement. L’édifice que constitue sa pensée (sa conscience réflexive, ou encore, dit un peu plus familièrement, son « crâne plein ») forme désormais une espèce de bloc, susceptible de mener sa vie propre, car recelant des abîmes de complexité.
A elles deux, la pensée et la créativité propres à l’espèce humaine ont distancié leur porteur non seulement du réel qui l’entoure (puisqu’il le sonde sans cesse) mais encore de lui-même, puisqu’il a fait même de lui-même son propre objet d’étude et de questionnement.
Rien, pas même sa propre personne, sa propre nature, n’échappe au « pourquoi ? » envahissant de l’être humain.
Au stade où nous en sommes arrivés, nous avons atteint une position où non seulement nous observons et analysons sans relâche notre environnement (la nature physique) mais où, en sus, nous observons et analysons nos propres démarches d’observation et d’analyse.
Grâce à la conscience, cette étrange chose, nous nous regardons regarder. Notre conscience, à son tour, se dédouble, comme une poupée-gigogne.





En « sécrétant » de la pensée, l’Homo sapiens a créé un plan d’existence totalement inédit.
Il s’est peu à peu transformé en véhicule d’une véritable émergence, en support d’une sorte de nouvelle dimension, immatérielle : celle des idées, mais aussi celle des représentations et des images.
Sa maîtrise de l’abstraction l’a irrémédiablement entraîné vers une dématérialisation de son être, sans cesse croissante.





La pensée, ce n’est pas autre chose qu’une autre dimension. Une dimension supplémentaire, et dégagée du matériel.
Grâce à la pensée, à l’abstraction, nous échappons à la matière.





La pensée ne fait pas que nous dédoubler. Elle nous dématérialise.





La vie nous confronte de manière récurrente – voire incessante – à la nécessité de renoncer, de métaboliser la « frustration ». Savoir bien renoncer et sublimer est donc, dans cette perspective, un indéniable avantage.





Impressionner les femmes ; se faire admirer d’elles.
Pour la plupart des garçons et des hommes, c’est une seconde nature.
Ils confondent trop souvent amour avec soumission, avec allégeance. Si ce n’est avec domination.
En sorte que la plupart des femmes – ne serait-ce que pour ne pas avoir affaire à leur contrariété, assez fréquemment et assez rapidement relayée par de la colère (quand ce n’est pas, même, par de la violence) – en sont réduites, lorsqu’elles en aiment un, à une véritable et passablement grotesque comédie. Elles soutiennent, elles maternent, elles s’effacent (comme on leur a si bien appris à le faire), car elles savent, plus ou moins confusément, que c’est à ce seul prix qu’elles obtiennent ce qu’elles veulent : la paix (relative), l’harmonie du couple et, par-dessus tout, un cadre de vie équilibré pour leurs enfants.





Nous ne serons vraiment nous-mêmes – c'est-à-dire nous en tant qu’identité globale, fixée et définitive, donc pleinement repérable – qu’au seul moment de notre fin.
Car tant que nous nous bornons à être ce que nous ne cessons d’être entre la naissance et la mort, à savoir des créatures en devenir, profondément mouvantes, changeantes, prises toutes entières dans un mouvement dynamique perpétuel, qui n’en finit pas d’enchevêtrer, de brasser les complexités, nous sommes des êtres provisoires, plastiques, aux contours au fond flous, qui, par leur nature profonde même, déjouent tout essai de rattachement à une identité qui soit définie et donc, sûre.





Qu’est-ce qui sculpte, qu’est-ce qui détermine la personnalité d’un être ? Qu’est-ce qui modèle son destin ?
Y a-t-il une sorte de « fil conducteur », une manière de « logique » qui présiderait au cours de chaque existence ?
Il n’est, encore aujourd’hui, de réponse à toutes ces questions mises bout à bout que : « mystère ! ».





La conscience a plusieurs étages. Plusieurs planchers. Plusieurs paliers.





Il faut toujours gratifier notre cerveau d’une certaine méfiance.
En effet, s’il est une « machine » à percevoir et à organiser ensemble nos diverses perceptions du monde et de nous-même extrêmement performante, il est aussi une entité qui FABRIQUE de la perception. Et une machine à donner du sens.
Son besoin n’est donc pas seulement de « voir pour croire » ; il est aussi de  « croire pour voir ».





Notre perception de ce qui nous entoure est pleine de « trous », d’accrocs, de vides. Par la force des choses, de par la nature même de notre cerveau.
Des tas d’objets et de phénomènes nous échappent, ou ne nous sont qu’incomplètement perçus. Et donc, se prêtent à des interprétations inexactes ou imparfaites.





Dans toute réussite, il faut compter, ce me semble, avec l’aplomb.
Il constitue, on l’oublie souvent, un atout considérable.





Seules, les « qualités », au sens pascalien du terme, méritent d’être idéalisées ; non les personnes.
Ces dernières, en effet, ne sont, sans exception aucune, que des composites souvent indécis et à tout coup complexes, de différentes « qualités » : positives, négatives ou neutres.





Chacun se demande aujourd’hui, en France, en Europe, pourquoi le racisme a –si j’ose m’exprimer ainsi – « la peau si dure », alors même que, depuis déjà plusieurs longues décennies,  les progrès en divers domaines scientifiques disent et répètent – de façon qui plus est souvent très largement médiatisée – que l’espèce Homo sapiens est une, qu’elle est, dans son ensemble, toutes ethnies et tous groupes confondus, originaire de l’Afrique, que la couleur de peau n’est pas autre chose que le résultat d’une adaptation aux diverses conditions d’ensoleillement qui règnent sur la planète Terre en fonction de la latitude et qu’elle est, au demeurant, un phénomène tout relatif, plein de nuances.
Eh bien, le racisme a la peau si dure parce qu’il flatte les populations qui sont de souche européenne en associant peau claire et appartenance à la culture occidentale à une prétendue « supériorité » qui irait de soi. Il se nourrit de la fierté que procure le sentiment d’appartenir à des ethnies et à des aires culturelles dominantes et dominatrices.
Il est une émanation de l’égo, tant individuel que groupal, collectif.
Il constitue une forme de réaction pathologique à (et contre) la mondialisation désirée et induite par le développement actuel du système néolibéral hyper marchand d’inspiration anglo-saxonne.
Pour ce dernier, l’âge des groupes fermés, l’âge de l’entre-soi strictement national, est obsolète et révolu. Les nations deviennent, à la limite, « encombrantes ». Le monde entier doit se calquer sur la « nation-phare », la « nation-guide » qui, il se trouve, est un melting-pot remarquable par sa créativité, par son dynamisme. Cette nation se veut – et se trouve – désormais à la tête d’un véritable « village planétaire » technologique et mercantile à son image. Elle le contrôle essentiellement au moyen de deux grands « organes » immatériels qui sont la Toile et la fluidité souvent capricieuse de la haute finance mondiale. Tout ceci, bien entendu, bouscule considérablement les habitudes et les points de repère antérieurs.
Le racisme est, bien entendu, pour une très large part, une question d’ignorance. Mais pas que de ça, loin s’en faut… Comment, en effet, peut-on invoquer quelque chose comme l’ignorance dans un univers high-tech où jamais encore n’avait été atteint un tel degré de circulation de l’information, de regroupement des savoirs et, donc, de possibilité de s’instruire et de réfléchir mieux ?
Non, si le racisme persiste et signe, s’il se maintient à ce point à flot à l’intérieur de populations pourtant désormais largement embourgeoisées et largement susceptibles d’avoir accès à toutes les espèces de connaissance, c’est pour des raisons qui ont trait bien plus au déni, à l’encroûtement cérébral, au refus panique des mutations et changements extrêmes qui affectent, en ce moment même, le monde, à la mauvaise foi et à l’orgueil blessé qu’à l’ignorance proprement dite.





Socialiser un enfant, c’est, entre autre, lui apprendre à renoncer à ses désirs, ou bien à les métaboliser, à les transformer, à les « sublimer ».





La parole des femmes, aujourd’hui encore, dérange. A preuve, elles sont, sur l’espace de libre parole que constitue Internet, une cible privilégiée, volontiers victime d’insultes, de harcèlements, de tentatives de déstabilisation et d’intimidation, voire de menaces (de viol, entre autres).
Même là, les hommes semblent avoir quelque difficulté à tolérer leur présence, leur expression dans l’espace public !
Audrey PULVAR, qui a fini par abandonner la lutte sur le réseau social Twitter, Christine BOUTIN et, entre ces deux cas de figure hautement médiatisés et un peu extrêmes, tant d’autres…
Accrochez-vous, femmes ! Ne vous laissez pas impressionner pour si peu !
Si la Toile est, en fait (ainsi que le suggère fortement le documentaire de Roukaya DIALLO sur le sujet, diffusé certain dimanche soir, sur la chaîne LCP, il n’y a pas longtemps) une foire d’empoigne, montrez-vous tenaces, pugnaces !





Par bien des aspects, le sexe est une force asociale, voire antisociale que toute société se doit de contrôler, de canaliser (au même titre, d’ailleurs, que la violence). Bien des sociétés y sont parvenu en déshumanisant cet être pourtant social qu’est la femme, en l’excluant de la culture.
Singulier tour de passe-passe…qui, au demeurant, n’a rien résolu !





La vie en société humaine est pleine de marques, de codes et de masques qui constituent autant de balises. Les « places » dévolues à chacun – qui y sont relativement rigides -  permettent à la fois d’y voir plus clair et de se définir soi-même par rapport aux autres individus, en « épousant un rôle », ce qui, forcément, fait sens, tant pour celui qui le joue que pour ceux qui reçoivent le « message » de son jeu.
« Faire bouger » tout cela est toujours, en conséquence, quelque chose d’assez problématique.





La philosophie ne consiste pas à caresser les gens dans le sens du poil. Mais à leur administrer, bien plutôt, des « électrochocs » bien placés, voire des séries d’électrochocs, histoire de réveiller leurs neurones et de les pousser à essayer de regarder le monde et  l’existence sous d’autres jours, et/ou selon des angles variés, multiples.
Réveiller les gens intellectuellement et spirituellement, accoucher leur âme ainsi que le disait déjà le bon vieux, l’intemporel Socrate, n’est pas chose évidente.
Et cependant, c’est, indubitablement, un service à leur rendre. Car, à terme, ça les enrichit. Même si, sur le coup, ça les « bouscule ».





Quand on est sans grand souci financier, voire carrément membre de la bourgeoisie ou des classes moyennes aisées, rien n’est plus facile que de se monter « cool » et « zen », et de professer l’insouciance, le « tout-fun ». Pour « ces gens-là », qui flottent dans l’angélisme rose-bonbon (ou le « rose PS » ?), tout est beau, et tout le monde est « gentil ». Ecologie et « peace and love » sont les deux seules formes d’ « engagement » à demeurer possibles.
Évoquer les « sujets qui fâchent » - telle la famine en Afrique, ou la triste vie des « nouveaux pauvres  » européens – ne fait que « casser l’ambiance ».
Que voulez-vous, il y a des sujets « glamour » et d’autres qui le sont moins.
On se gargarise de vœux pieux et creux, tels, par exemple, que le « vivre ensemble » tout en restant, in fine, instinctivement confinés dans l’entre-soi, dans la presque exclusive compagnie de ceux qui partagent votre niveau de vie « branché », à la pointe de la culture, et vos idées « larges ». Car, malgré tout, « on ne sait jamais » ; on n’aime pas plus les « affreux, sales et méchants », les « sauvageons » que le bourgeois classique et l’on continue de craindre les cambriolages.
Malgré tout le détachement « zen », « bouddhiste » de bon ton acquis dans les spa ou grâce à la sophrologie, on a des biens matériels, eux-mêmes garants d’un confort auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux. Quoiqu’on en dise, on se trouve du côté de ceux qui ont, de ceux qui ont à perdre. Alors, on préfère penser que la « lutte des classes » a été abolie. A l’heure du high-tech tout puissant, elle ne serait vraiment plus « tendance ».
On ne se gargarise plus que d’un seul mot, devenu mantra politique : le mot « démocratie ». Les nouveaux épouvantails sont désormais ceux de l’ « obscurantisme ».
Liberté chérie…et égalité reléguée très loin au second plan. Perpétuation du système et sauvegarde de la « planète ».
Comme si tout cela était –de quelque manière que ce soit – conciliable.
Mais, quand on voit les choses depuis une forteresse, une tour d’ivoire, tout ne l’est-il pas ?





Aucun style de poésie particulier n’a le droit de s’ériger en modèle absolu du souhaitable, ni d’essayer d’imposer ses diktats  au nom d’une sorte d’ « orthodoxie » puriste ou encore, plus simplement,  au nom de « l’air du temps ». Ceci est totalement contraire à la vocation de créativité, de jeu et de liberté langagière qui est, par excellence, celle de la poésie, cette « école buissonnière » de la langue écrite.





Toute vie humaine digne de ce nom se doit d’être un équilibre entre le soi et son interconnexion, son incontournable lien avec les autres.






Soutenir le point de vue que le fond de la nature humaine est égocentrique ne revient-il pas à épouser étroitement et à justifier les thèses et les vœux de ce qui est une idéologie dominante et planétaire : le capitalisme (ou encore libéralisme marchand anglo-saxon) ?
Car, au vu des observations scientifiques contemporaines tout aussi bien que d’après les réflexions philosophiques millénaires, ne constate-t-on pas, au contraire, que l’Homme est, dans une très, très large mesure, un animal social doué d’un très haut degré d’empathie ?





C’est d’une façon totalement instinctive que je suis portée à me méfier des apôtres de la « paix universelle », et de leurs dires, comme de leurs dogmes. Pragmatisme ? Lucidité ? Conscience du fait que l’âme humaine porte le conflit en elle et que le fait de le nier – même au nom des plus nobles aspirations – ne mène à rien (cf. Blaise Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ») ? Conscience du fait que le refus de se lancer dans le moindre conflit implique – de façon patente – le maintien en l’état du statu quo, un statu quo profondément injuste et arbitraire d’inégalités criantes, à la fois entre les sexes, entre les peuples et entre les classes sociales ? Sans doute, il y a de tout ceci.
Le christianisme n’a-t-il pas été, dans le fond, qu’un monumental échec ?






 Le plus beau cadeau que puisse faire la philosophie à un esprit, c'est de l'"assouplir", de lui apprendre à penser par lui-même, à se méfier des acquis et des habitudes. A "digérer" ses connaissances, pour en faire des questionnements. A pouvoir, par dessus tout, souffrir l'absence de certitudes, et la remise en cause des "idées fixes".
La philosophie , c'est, avant toute autre chose, le contraire du "prêt à penser" , et de la pensée fixe, sans recherche. L'antithèse du confort mental.




On lutte toujours contre ses propres mots, contre ses propres textes. C’est ça, la vie d’un écrivain !





L’Homme me parait beaucoup plus mené par l’orgueil que par l’amour. Il n’aime jamais que qui le rassure, ne lui porte pas ombrage, le rehausse ou le soutient, ou encore qui satisfait ses besoins d’ordre sensuel et/ou affectif.





L’individu narcissique se signale par sa soif d’attention ; une soif d’attention  exclusive, et aberrante par son essence même.
Ainsi, il sera, d’une manière quasi « naturelle », amené à assimiler toute présence d’un autre, ou d’autres individus, à une tentative de « détourner » l’attention de lui ; il se méfiera donc des autres.





Quoiqu’on en pense et qu’on en dise, la plupart des gens qui vivent dans des pays prospères, saturés de consommation et de haute technologie, ne sont pas « non-violents » par attirance réelle pour les philosophies orientales ; ils ne le sont – et ils adoptent donc les fameuses valeurs très bobo de « zénitude » et de « peace and love » néo-hippies – que parce qu’ils sont riches, heureux, hyper-individualistes, gavés, passifs et…lâches.





Nous voudrions que certaines choses durent toujours. Cela nous rassure. Les évolutions, en bouleversant, en remodelant l’environnement et les habitudes, non seulement nous contraignent à de réels efforts d’adaptation (comportementaux et mentaux), mais encore, en un sens, en bousculant tout et en remettant en cause nos modes d’être, nous font violence.
Les changements, les « nouvelletés » nous disent, également, que nous avons vieilli, que nous n’épousons plus notre environnement  d’aussi près, aussi bien que naguères. C’est de façon patente, incontournable et quelquefois brutale qu’ils mettent en relief l’action du temps, que nous accusons de plein fouet. Et c’est de ce fait que nous sommes tous, d’une certaine façon, de fieffés conservateurs.





Il n’est guère facile de juger les gens. Compte tenu de l’étendue de la complexité qui est la sienne, toute appréciation, même nuancée, sur n’importe quel  être humain lambda, est forcément  très réductrice.





Nous ne sommes pas ; nous devenons.





Cultiver la lucidité. Même si, bien souvent, elle mord. Pour être moins dupe des choses.





Il faut partir du principe que tout est mystère et que tout est leurre. Que nos seules armes sont lucidité, et distanciation.





Quand se mettra-t-on en tête une bonne fois pour toutes que le comportement humain ne se prête en aucune façon aux analyses simples et simplistes ? Que, du reste et pour parler plus généralement encore, il n’y a, en cet univers, tous comptes faits, que fort peu de choses et de phénomènes qui s’y prêtent ?





L’animal vit ; l’Homme interroge.





Nier la mort, bannir de sa pensée toute notion de finitude est une attitude humaine extrêmement répandue et, cependant, un mauvais calcul.
L’ « apprivoiser », la « métaboliser » en nous, par contre, agit à la manière d’un poison qui nous mithridatiserait habilement, ou d’un vaccin. Cela nous prépare et, surtout, cela nous aide à en avoir moins peur.
Le déni n’est jamais qu’un faux semblant de résolution de tout problème. Cette vérité s’applique également à l’idée de notre propre fin.





Pour le grand manichéisme contemporain qui nous imprègne, le « Bien » se situe du côté de la modernité et de l’abondance.
Et il ne s’agit certes pas d’être du mauvais côté du mur !





Peut-être la question est-elle, au fond, notre seule et unique part de liberté.





Le besoin (dérisoire) de rabaisser l’autre, les autres pour se « grandir » est à l’origine des pires fléaux qui gangrènent l’humanité.





Le monde et l’existence sont, d’abord, des choses qui bougent ; des choses qui chatoient.





En l’Homme, la pensée et la pulsion de savoir induisent une rupture, sans doute unique dans le règne animal et dans l’histoire du globe terrestre. Le fait qu’il interroge le monde et qu’il l’observe si intensément entretient en lui une impression d’extériorité parfois lourde de conséquences.





P. Laranco.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire