jeudi 19 septembre 2013

DU COQ A L’ÂNE (réflexions philosophiques)


Le Temps est la colonne vertébrale mouvante de l’univers.



Le temps, l’évolution des choses et le changement, le renouvellement perpétuel que celle-ci apporte font en sorte que nous traversons sans cesse des « deuils ».
Le passé, conséquence de l’hémorragie incessante des années, des mois, des jours, si ce n’est même des heures, des minutes et des secondes, peut, en tant que perte, constituer une source de deuil sans répit pour la conscience humaine.
C’est ce qui expliquerait que les personnes les plus âgées – celles qui ont le plus « perdu », le plus laissé de passé derrière elles – soient, on l’a souvent constaté, les personnes les plus conservatrices et  les plus accrochées à leurs souvenirs.



Notre être est un tissu de réceptivités.



Tout est inachevé,
ouvert,
et immensément en attente,
comme une oreille que l’on tend,
une esquisse
criant sa faim



Quelle qu’elle soit, quelque soit son intensité et le temps qu’elle dure, la « reconnaissance » (quand elle survient) est à tout coup limitée – et temporaire.



Il y a toute une tradition typiquement française de gauche cocardière et maçonnique qui continue à voir l’Occident (et, en première ligne, bien sûr, la France) comme « le modèle civilisationnel absolu », le « guide planétaire », le dispensateur par excellence des Lumières de la Raison sur le reste du monde encroûté dans « les ténèbres » encore habitées de « sauvagerie ». Le bon vieux Jules Ferry, apôtre du « colonialisme de magister », a encore bien des héritiers !



En un certain sens, on peut dire que c’est la séparation des sexes qui est le principal obstacle au fait que les femmes ont tant de difficultés à faire reconnaître leurs talents intellectuels et créatifs à l’égal des hommes.
Toute séparation creuse un fossé, voire un abysse, entre ceux qu’elle sépare. Dans le cas qui nous occupe, la séparation qui s’opère, plus ou moins spontanément, dès l’âge tendre, entre petits garçons et petites filles, ne fait qu’ajouter à la différence d’ordre biologique qui s’inscrit dans le corps, que l’outrer lourdement.
Les petits garçons prennent l’habitude de s’appuyer sur leur « meute » de copains et ces solidarités très puissantes joueront, par la suite, très efficacement tout au long de leur vie, dans le cadre d’un monde où tout leur fera sentir que ce sont les membres de leur propre sexe qui détiennent le pouvoir suprême.
Ces copains sont souvent unis par les mêmes types d’activités et de centres d’intérêt, d’où, automatiquement pour ainsi dire, les filles et femmes se trouvent exclues du fait, tout simplement, du manque d’habitude.
Rares sont les petites filles et les adolescentes à se voir intégrées à part entière à des bandes de jeunes garçons ou hommes, où elle (quand ce n’est pas leurs parents) craignent de se voir exposées à l’excès d’appétit sexuel masculin.
Quelques soient leurs capacités, leur valeur  en terme de créativité et/ou d’intellect, les filles et femmes manquent cruellement des soutiens précieux qu’apporte le « cercle de copains complices » (lequel, hélas, n’a aucun équivalent au sein de l’univers féminin) et resteront par conséquent isolées, comme des francs-tireurs, en quelque sorte à mi-chemin entre l’univers des garçons et celui des filles. Perspective assez peu réjouissante et très propre à entamer leur confiance en elles !



Les seuls rapports envisageables entre hommes et femmes se réduisent-ils à ceux –somme toute très basiques – qui reposent sur l’attirance sexuelle ou l’attachement de l’enfant à la mère ?



Heureusement que Dieu a fait les femmes, ne serait-ce que pour contrebalancer (un peu) le trop d’action des hommes, leur goût immodéré du risque, leur manie de foncer dans tout dans le but de « maîtriser à tout prix » et leur sensibilité quelquefois un peu « infirme » !



L’avenir existe déjà, puisque, comme l’ensemble du temps déroulé, il est compris dans cet hologramme que se trouve être notre univers (*). Simplement, notre position temporelle (forcément dans le présent) nous empêche de le connaître.



Celui/celle qui cherche de manière excessive et par des biais outrés à attirer l’attention sur sa personne finit souvent par récolter le strict contraire de ce qui était l’objet de ses espérances obsessionnelles : il/elle agace, lasse tellement que tout le monde en arrive à se détourner de lui/elle.
Car, voyez-vous, s’il/elle avait tant soit peu de jugeote et de sens psychologique, il/elle saurait que les gens ne détestent rien tant que l’on tente de contraindre leurs réactions et leurs façons d’être.



Etre du côté des forts. De ceux qui ont le pouvoir.
Ça rassure toujours l’Homme.
On préfère toujours s’identifier à ceux qui tiennent le haut du pavé – voire à ceux qui agressent – plutôt qu’aux faibles, aux démunis, aux victimes, aux pauvres et aux timides.
La force – en particulier la force physique – et le culot impressionnent. De façon instinctive, tripale.
Voilà qui en dit long, terriblement long sur le caractère somme toute superficiel de nos belles professions de foi humanistes et sur ce qui nous relie encore à notre immémorial passé d’Homme des cavernes, d’animal, même !
Au fond de lui-même, finalement, tout être humain aspire à grandir en force, à monter en puissance, à acquérir plus d’ascendant sur les autres, plus de capacité à en imposer
et donc plus de possibilités, plus de chances de combler ses désirs matériels, de mieux jouir de la vie en accaparant plus de ressources – fût-ce au détriment de certains de ses semblables.
On ne peut pas nier ce fait : l’être aspire à l’expansion, à l’ascension et au triomphe, qui sont, à ses yeux, des signes de force, de volonté, d’énergie. « Vae victis ! », voilà quel est le véritable credo de l’humanité. Un credo droit issu du monde animal et, plus loin encore, de l’ensemble du monde vivant.
La fascination pour les puissants, les chefs, les « hommes forts », les nantis est, chez l’Homme, une pente aussi ancienne que naturelle. Sans doute parce que nous associons toujours le mot « faiblesse » au mot « danger » et par conséquent aux mots « peur » et « répulsion »…



Chez l’Homme, la crainte de la mort est sans doute fortement liée à la vie de groupe, à la force et à l’intensité du lien social.
Au commencement, l’attachement intense qui devait lier entre eux les membres des tout premiers groupes humains – ou même pré-humains – a probablement, à un moment donné, dû rendre insupportable la mort, en tant que vide relationnel aussi soudain que durable et inexplicable. La disparition des proches, des compagnons et des semblables a dû, par la séparation, la fracture dans les habitudes relationnelles qu’elle induisait, introduire un très grand état de manque ; n’oublions pas non plus que les premiers groupes que formaient nos lointains ancêtres étaient, les paléoanthropologues ont pu le déterminer, très petits ; dès qu’un des membres manquait, cela devait, par voie de conséquence, constituer une lourde perte, voire une menace pour la vie du groupe toute entière. De fil en aiguille, à mesure que l’être humain devenait de plus en plus intelligent et de plus en plus sensible – donc de plus en plus empathique – (en raison du développement de ses neurones-miroirs), le trouble qu’apportait la mort dégénéra en véritable catastrophe, en authentique atteinte, tant individuelle que communautaire. C’est alors (vraisemblablement, avec Neandertal ou juste un peu avant) que l’on ressentit le besoin de rites funéraires, dans le but de ressouder le groupe en apaisant les esprits troublés autour d’une cérémonie qui avait pouvoir de donner sens. Pour atténuer le sentiment de perte – pour consoler, en somme – les proches et l’ensemble de la petite communauté qui subissait la perte, on commença à dire, à croire que le défunt n’était pas vraiment mort (déni), mais qu’il s’en était allé vers un au-delà, un autre monde que seule la mort pouvait lui ouvrir et où il continuait à vivre sous une autre forme (une forme invisible à l’œil des vivants, mais toujours capable de communiquer avec eux, de rester en lien avec eux).
Pour les besoins de cette croyance – qui était devenue, entre temps, au plan psychologique, vitale – on sépara du corps inerte et virtuellement pourrissant, guère plus capable de communiquer, une autre entité, plus abstraite, plus fantastique et plus « pure » : celle de « l’esprit ».
Qui sait si ça n’est pas ainsi que la dualité corps/âme a pris naissance ? Dans cette négation de la mort ?




P.Laranco




(*) Voir, sur ce blog, l’article du jeudi 12 septembre 2013 : Lecture (sciences, physique) : grâce à la GUERRE DU TROU NOIR, on sait maintenant que l'UNIVERS EST UN HOLOGRAMME.



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