samedi 20 juillet 2013

Un texte de Umar TIMOL (Île Maurice).

FRAGMENT .


Le désir de l’autre n’est que le désir de soi qu’on façonne en l’autre. Cet autre qui devient un impératif de vie et de sens est une illusion. On s’inspire de ce qu’il est pour le ciseler avec nos mains argileuses et nos rêves. Mais c’est une illusion nécessaire. Car elle accorde un instant le répit. Elle énonce l’oubli et les exaltations. Elle nous renvoie à une possible lumière en soi. Elle nous inscrit dans un vouloir qui récuse le temps. Il nous faut cette illusion. Il nous faut croire en cet autre, croire en la communion des corps, croire en ce narcisse qui a trouvé son semblable, croire qu’il n’est d’autre séjour que le corps de l’autre, qu’il n’’est d’autre absolu que son être, croire qu’on pourra toujours se désirer sans qu’aucune lassitude ne nous trahisse. Aimer est, en d’autres mots, se réincarner dans le miroir d’un autre, miroir qui n’existe que par la force de notre vouloir. Il nous faut cet élan vers l’autre, qui n’est autre que l’élan d’une vie qui refuse la mort. Aimer est le refus de la mort. Mais le refus est d’une matière, celle de l’illusion mais c’est la plus belle des illusions car elle nous enlise dans la lumière éphémère de l’extase.



Umar TIMOL.

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